Questions nationales : Trois solitudes
Cinéma

Questions nationales : Trois solitudes

Chronique du questionnement existentiel des souverainistes, Questions nationales n’offre pas de nouvelle piste, mais il nous déculpabilise un peu de nos indécisions et de nos recommencements. Quand on se compare…

Dans Questions nationales, Roger Boire et Jean-Pierre Roy s’attardent à trois réalités qui se coupent et se recoupent. Entre Montréal, Édimbourg et Barcelone, on constate à quel point le Québec, l’Écosse et la Catalogne partagent la même valse-hésitation entre le confort du statu quo et l’envie d’une nation indépendante, ne cessant jamais de se dire "à la prochaine fois".

D’abord une sorte d’autopsie des référendums de 80 et 95 qui aurait pu tourner à vide, le documentaire fait intervenir différents politiciens et intellectuels (Bernard Landry, Stéphane Dion, Louis Balthazar, Jocelyn Létourneau, etc.) qui tentent d’expliquer les échecs référendaires des indépendantistes et la division qui persiste encore aujourd’hui au Québec malgré le climat d’indifférence apparent.

Leurs propos, éclairants, lucides et justes – peu importe nos allégeances – font la chronique des échecs du PQ, détaillent éloquemment les pièges dans lesquels est tombé le parti, et exposent clairement la nature équivoque d’une nation qui célèbre des situations aussi antinomiques qu’une Révolution tranquille.

Cela fait presque croire que nous sommes le peuple le plus étrange de la Terre, jusqu’à ce qu’on visite l’Écosse avec les réalisateurs. Là, les discours des pro comme des anti emploient un vocabulaire identique au nôtre: un calque parfait. On assiste à la même indécision dans l’approche des forces nationalistes en conflit interne permanent, hésitant à trop parler d’indépendance pour éviter de s’aliéner une population mi-figue mi-raisin, tandis que l’opposition s’organise autour de campagnes émotives qui ne sont pas sans rappeler celles des Chrétien et Trudeau.

Dans un climat différent, la Catalogne partage ces ressemblances, ainsi que la peur de l’assimilation devant le mépris de la vaste majorité espagnole qui se moque de son instinct de survie pourtant plus fort que toutes les tentatives de l’étouffer. Déjà vu?

De facture classique, mais efficace, rythmé et constellé de films d’archives qui font le portrait de la lutte nationaliste au Québec, le film n’offre aucune solution. Pas même une piste. Il propose seulement, mais avec intelligence, une visite guidée où l’on refait le chemin menant vers les impasses qu’on connaît. Avec en prime, le sentiment de partager avec d’autres peuples nos éternels recommencements.

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