Iron Man 2 : Robot après tout
Cinéma

Iron Man 2 : Robot après tout

Flanqué de femmes fantastiques, Robert Downey Jr est de retour dans Iron Man 2, de Jon Favreau, plus grand, plus fort et plus éclatant que jamais, afin de se mesurer à Mickey Rourke dans le rôle du plus que vilain Whiplash.

Même lorsque tout va bien, les suites sont souvent des propositions douteuses, et plus encore dans un cas comme celui d’Iron Man. Comment réussir la suite d’un film de super-héros qui a renouvelé le genre au premier coup? En résumé: que donner à Iron Man alors qu’il a déjà tout?

Rencontré le mois dernier à Los Angeles, Robert Downey Jr a eu cette réponse: "Je pense que nous avons travaillé fort pour arriver à dire: "Ok, nous faisons partie du public qui a fait du premier Iron Man un film réussi et intelligent, ce pourquoi nous étions attirés par ce projet, alors à quoi pouvons-nous nous attendre?" Pour être à la hauteur du premier, nous sommes donc demeurés à la place des spectateurs."

"Au fond, le truc, c’est de plumer les personnages de façon à ce qu’ils n’alourdissent pas l’histoire et que l’on ne souffre pas de "vilainitude"", lance à la blague le réalisateur Jon Favreau.

Repartir à zéro

Depuis la sortie du premier Iron Man, le retour de Robert Downey Jr a été comparé à celui du phénix. À tel point qu’il est maintenant un – ou peut-être le – comédien de premier plan à Hollywood. D’une certaine façon, l’art d’Iron Man imite plutôt bien la réalité.

"Étrangement, les aspects de Tony, son développement mental et émotionnel, étaient devenus beaucoup plus personnels, assure Downey Jr. Ce n’est pas nécessairement relié à ma propre vie, pour ainsi dire, mais seulement à la mythologie de pouvoir dire qu’on est quelque chose, et devenant cette chose, quelque chose d’entièrement différent."

Au début d’IM2, Stark a remis sur pied la Stark Expo, conférence technologique vantée de son père. Afin de livrer son discours d’ouverture, il fait son entrée dans le stade bondé en défonçant le plafond vêtu de son costume d’homme-fusée. Il atterrit sur scène, prêt à engager le combat, émerge de son armure d’Iron Man à force de mouvements pelviens effectués sur un beat disco, entouré d’une cohue de danseuses en string. Downey-Stark semble vivre le plus beau jour de sa vie.

Pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans le royaume de Stark. Comme nous le découvrirons bientôt, la technologie donnant vie à Iron Man empoisonne lentement Tony. Sa secrétaire et assistante, Pepper Potts (Gwyneth Paltrow), se montre de plus en plus frustrée par son rôle non officiel de gardienne de Tony, tandis que le gouvernement américain (dirigé par le très dérangeant Garry Shandling dans le rôle d’un sénateur des États-Unis) proclame que les composantes d’Iron Man sont réservées à l’usage de l’armée.

Pendant ce temps, Tony s’implique au sein d’une obscure organisation appelée SHIELD, que dirigent Nick Fury (Samuel L. Jackson, arborant un cache-oeil de cuir) et Natalie Rushman (Scarlett Johansson, dans la peau d’une généreuse notaire dotée d’une identité secrète).

L’effet Rourke

Une bonne suite doit avoir quelques armes secrètes comme solutions de rechange, mais avant tout, c’est l’occasion idéale de créer un meilleur vilain, et IM2 en compte plusieurs. L’inimitable Sam Rockwell interprète Justin Hammer, promoteur d’armes tiré à quatre épingles, dont la plus dangereuse ambition est de supplanter Tony Stark. Toutefois, ses négociations en coulisses avec l’armée américaine ne se déroulent pas si bien, jusqu’à ce qu’il s’allie avec quelqu’un de dangereusement compétent.

Dans les livres, son pseudonyme était Whiplash, mais vous le connaîtrez sous le nom d’Ivan Vanko, tel qu’incarné par Mickey Rourke avec d’incroyables extensions capillaires et de brillantes dents en or, de même que des super-pouvoirs technologiques plutôt diaboliques.

"Tourner Iron Man, c’était génial!, lance Rourke. On a eu d’excellents moments. On a eu beaucoup de plaisir à improviser, comme dans la scène où je dis "J’ai besoin d’une vodka" ou "Ce vin, c’est de la merde" et que Favreau répond "Ouais, c’est de la merde". C’était plaisant de travailler avec lui."

Femmes de tête fatales

Bien que RDJ soit le petit ami de tout le monde à l’écran et que même le Whiplash de Mickey Rourke possède un sex-appeal sérieusement pervers, il faut quelque chose de plus conventionnel pour le plaisir des yeux afin qu’une suite soit vraiment réussie. À cette fin, IM2 propose Scarlett Johansson dans le rôle de Natalie Rushman, dite Natasha Romanoff, dite la Veuve noire. Cependant, Iron Man est d’une certaine façon un féministe (ou seulement un stratège de première) et ainsi, il s’entoure de femmes super-compétentes, incluant Johansson et la Pepper Potts de Gwyneth Paltrow, qui se tape tout le travail quand Tony ne le peut pas.

Scarlett Johansson croit que ce sont les nuances du personnage qui font qu’un film est plus vivant pour le spectateur: "En réalité, je n’ai jamais été une grande fan du genre et je pense que c’est à cause de sa nature unidimensionnelle très explosive. Le fait que Gwyneth et moi sommes capables d’être sous certains aspects les cerveaux derrière l’opération ajoute au charme et au charisme du produit fini."

"Si Scarlett et moi sauvions le monde, conclut Gwyneth Paltrow, le décompte des morts serait différent, moins sanglant."

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IRON MAN 2

Les fans du premier Iron Man risquent de rester sur leur faim devant la suite des (més)aventures de Tony Stark (Robert Downey Jr., toujours aussi parfait dans la peau de l’extravagant milliardaire). De fait, bien que Jon Favreau ait recruté deux acteurs de grand talent pour jouer les vilains, Sam Rockwell en Justin Hammer et Mickey Rourke en Whiplash, ceux-ci n’ont pas eu la place qui leur revenait sur ce gros terrain de jeu ambitieux et spectaculaire qu’est Iron Man 2. Même Scarlett Johansson se révèle glaciale et vaguement inutile en veuve noire. Ponctué de trop peu de répliques piquantes noyées dans un flot ronflant de considérations sur la guerre, la transmission du savoir et le droit moral, gracieuseté de Justin Théroux, l’ensemble avance au gré d’un rythme laborieux et d’un montage mécanique. Quant à l’affrontement final, on l’aurait souhaité plus haletant. Espérons que Joss Whedon aura la main plus heureuse pour The Avengers… (M. Dumais)