63e Festival de Cannes : Hors compétition ou sections parallèles : Mouvements du désir
Cinéma

63e Festival de Cannes : Hors compétition ou sections parallèles : Mouvements du désir

À Cannes, des réalisateurs toutes générations confondues, de Dolan à de Oliveira, présentent leurs oeuvres hors compétition ou dans des sections parallèles.

Film hors compétition le plus attendu, Wall Street: Money Never Sleeps a été accueilli assez tièdement. Ce n’est pourtant pas parce qu’Oliver Stone a perdu la main. Dès les premières images, où il caresse New York de sa caméra comme s’il s’agissait des courbes d’une femme, on veut le suivre dans cette histoire de vengeance sur fond de krach boursier où un jeune courtier (Shia LaBeouf, bien) s’acoquine avec son futur beau-père, nul autre que Gordon Gekko (Michael Douglas). Malgré une symbolique un peu lourde, incluant bulles de savon et jeux de dominos, Wall Street 2 se laisse regarder avec un plaisir coupable… surtout lorsque apparaît Douglas, dangereusement en forme: "En vieillissant, on trouve de moins en moins de rôles à Hollywood pour les acteurs, a-t-il déclaré, heureusement qu’il y a le cinéma indépendant pour y remédier."

You Will Meet a Tall Dark Stranger de Woody Allen a également essuyé un accueil mitigé. Il est vrai que ce bon vieux Woody revisite paresseusement ses thèmes fétiches dans ces chassés-croisés amoureux suivant les tribulations d’une galeriste (Naomi Watts) dont le père (Anthony Hopkins) va refaire sa vie avec une jeune escorte (Lucy Punch). "Ma position sur la mort demeure la même: je suis totalement contre, s’est exclamé Allen. Avant, je jouais l’amoureux, mais aujourd’hui, j’ai passé l’âge. C’est pour cela que je donne ce rôle à d’autres acteurs. Imaginez-vous ma frustration lorsque j’ai sur le plateau des actrices comme Scarlett Johansson ou Naomi Watts?"

Plus tard, le cinéaste a avoué qu’il accepterait de vivre jusqu’à 100 ans si c’était avec la même grâce que celle de Manoel de Oliveira. Sélectionné dans la catégorie Un certain regard, le doyen du cinéma propose L’Étrange Affaire Angélica, charmante fantaisie rappelant Buñuel, Chagall et Maupassant. Toutefois, ce conte aux accents surréalistes mettant en scène un photographe (Ricardo Trêpa) qui s’éprend d’une jeune mariée décédée (Pilar López de Ayala) déçoit par son intrigue trop mince.

Sélectionné dans la même catégorie, son cadet de 80 ans, Xavier Dolan, a ravi la galerie avec son deuxième long métrage, Les Amours imaginaires, qui relate le duel amoureux auquel se livrent deux amis (Dolan et Monia Chokri, révélation du film) pour les beaux yeux d’un garçon (Niels Schneider, sans doute modèle pour Michel-Ange dans une autre vie): "Je suis extrêmement ému de défendre un film que j’ai fait avec des gens que j’aime et qui m’inspirent, a-t-il confessé au public. Tant mieux si vous voyez cela comme un cinéma générationnel parce que c’est ce qu’on espère désespérément faire."

On le savait doué pour le dialogue, mais on ignorait qu’il avait autant d’humour, comme le prouvent ces hilarantes capsules où des jeunes gens confient leur désarroi amoureux. Certes, on pourrait encore lui reprocher d’abuser des ralentis à la Wong Kar-wai et de ne pas avoir assez étoffé son récit, mais force est d’admettre que Xavier Dolan se révèle un pétillant émule de Woody Allen.