Scot McFadyen et Sam Dunn / Rush: Beyond the Lighted Stage : Rush – les coulisses de l’histoire
Dans Rush: Beyond the Lighted Stage, le réalisateur Scot McFadyen et l’anthropologue Sam Dunn font équipe une fois de plus pour nous conter l’histoire du groupe rock canadien le plus populaire.
Quel groupe de rock arrive troisième derrière les Beatles et les Stones pour le plus grand nombre de disques d’or et de platine consécutifs? Eh oui, le groupe canadien Rush! Pas étonnant que le duo Scot McFadyen et Sam Dunn, à qui l’on doit déjà quelques documentaires sur le rock, se soit intéressé à l’histoire quadragénaire du trio ontarien. Malgré tout, on pourrait trouver le chemin sinueux en partant de Metal: A Headbanger’s Journey (2005), Global Metal (2007) et Iron Maiden: Flight 666 (2009) pour aboutir à Rush: Beyond the Lighted Stage. Joints au téléphone, les coréalisateurs expliquent que le chemin était au contraire tout tracé.
"Rush a occupé beaucoup de place dans mon enfance, en banlieue de Toronto, se souvient McFadyen. Quand j’avais six ans, mon frère avait le nom du groupe peint sur la porte de sa chambre, et je l’ai beaucoup écouté en grandissant. Il m’a semblé que c’était une histoire importante à raconter que celle du plus grand groupe de rock au Canada. On a rencontré Geddy Lee durant le tournage de Headbanger’s Journey, puis Neil Peart et Alex Lifeson durant la tournée Snakes and Arrows de Rush en 2007. On craignait un peu leur réaction au projet, surtout de la part de Neil, qui est reconnu pour être quelqu’un de trrrès réservé… Finalement, les gars ont trouvé l’idée intéressante et, ironiquement, Neil s’est révélé extrêmement volubile!"
Mais il n’y a pas que les gars de Rush dans ce film, et les gens seront sans doute surpris d’apprendre que Billy Corgan (Smashing Pumpkins) ou Trent Reznor (Nine Inch Nails) sont de grands fans de Rush! McFadyen est content de son coup: "En faisant nos recherches, on est tombé sur une vieille liste de "supposés fans" de Rush. On a fait le tour de cette liste pour découvrir ceux qui l’étaient vraiment. Évidemment, on était surpris que Corgan ou Reznor soient du lot, parce que leur musique n’a pas grand-chose à voir avec celle de Rush. C’est donc devenu une partie importante du film de chercher ce qui, dans la philosophie de Rush, a pu avoir de l’influence sur ces gens. Corgan est presque la star du film! Il a vraiment bien compris le "phénomène" Rush."
Petit coup de fil au guitariste du groupe, Alex Lifeson, pour savoir ce qu’il pense des différents témoignages dont le film est truffé: "Pour nous, c’est quand même un peu bizarre… On avait entendu parler du fait qu’on avait eu une certaine influence sur ces personnes, mais à ce point-là… Je ne crois pas que Trent Reznor écoute du Rush en arrivant à la maison, mais il est inspiré par un groupe comme le nôtre, qui est arrivé où il en est sans faire aucun compromis. On ne fait pas de la pop, on n’est pas mainstream, mais on a tout de même eu cette longue carrière, et beaucoup de vrais fans, alors il doit y avoir quelque chose que l’on a fait comme il faut!" Là-dessus, pas de doute, et le film montre bien en effet que ces précurseurs du prog-métal font à leur tête depuis plus de 40 ans. Sam Dunn résume bien les choses: "Un gars comme Cliff Bernstein (le manager de Metallica) mentionne que les critiques détestent deux choses: le métal et le prog… Pauvre Rush! Je pense qu’on les a perçus comme prétentieux, mais ce que les critiques n’aiment pas de Rush, c’est précisément ce que leurs fans aiment…"
À voir en attendant la série télévisée du duo Metal Evolution, ou avant de se rendre à Québec le 15 juillet prochain pour voir le groupe sur les Plaines!
Rush: Beyond the Lighted Stage
Le groupe Rush s’est formé en 1968 et est resté pratiquement inchangé depuis (Neil Peart remplaçant le batteur original en 1974, avant leur première tournée américaine). Le duo Dunn/McFadyen est rompu au genre du documentaire rock et ça se voit dans l’utilisation judicieuse et le montage serré de nombreux documents d’archives, entrevues ou extraits de concerts. Pour qui connaît le groupe sans en être un fan, par Tom Sawyer et quelques autres pièces, ça vaut certes le coup d’oeil; on en ressort content d’en avoir appris sur ces icônes du rock canadien (et, à vrai dire, mondial). Pour le fan, il y a certainement aussi des découvertes à faire, dans les propos des commentateurs invités ou dans les évocations de la naissance du rock au Canada.