Cyrus : Le beau-fils
Cinéma

Cyrus : Le beau-fils

Dans Cyrus, de Jay et Mark Duplass, John C. Reilly et Jonah Hill se livrent une guerre épique pour s’approprier le coeur de la belle Marisa Tomei.

C’est une histoire toute simple, celle d’un homme (John C. Reilly) divorcé d’une quarantaine d’années qui, après un moment d’errance, rencontre enfin une femme (Marisa Tomei) intéressante et disponible. La relation va bon train, mais la femme lui cache un petit détail: elle a un fils de 21 ans, Cyrus (Jonah Hill), qui habite encore avec elle. Sous ses faux airs angéliques, Cyrus se prépare à livrer une bataille de tous les instants afin de sortir l’étranger du lit de sa mère. Mais évidemment, ce dernier refusera d’abandonner aussi facilement son petit bonheur…

Après avoir imaginé cette amusante mise en situation, il semble évident que les frères Jay et Mark Duplass avaient déjà accompli la moitié de leur travail. Alors, plutôt que de forcer les situations, plutôt que de coucher sur papier des gags finalement indépendants du film, les cinéastes s’offrent le plaisir de laisser l’humour naître à partir des diverses formes de tensions qu’ils ont eux-mêmes rendues inévitables lors de la construction de leur prémisse. Les frères ont l’intelligence de laisser couler le récit, de ne pas le sacrifier par crainte de n’être pas assez drôles.

Un choix narratif que l’on pourrait effectivement concevoir comme signature, et qui rappelle que cela n’est certainement pas un hasard si Mark tient la vedette dans le Humpday de Lynn Shelton. Là aussi, l’humour naissait des diverses formes de tensions rendues inévitables par la mise en place d’une prémisse improbable. Grâce à cela, les deux films évitent de tomber dans le même piège qu’un Greenberg de Noah Baumbach, par exemple, qui échouait à voiler convenablement l’effort de manipulation qu’il était.

Comme Shelton le faisait aussi dans Humpday, les réalisateurs n’essaient pas de nier leur présence, de nier l’existence théorique de leur caméra. Ils filment à l’épaule, n’hésitent jamais à changer l’échelle de leurs plans afin de mieux surprendre une réaction, un visage, un regard, un petit quelque chose que seul un observateur à la fois extérieur à la fiction, mais aussi présent sur les lieux de l’action, pourrait arriver à saisir. En ce sens, leur travail est tout au service de cette "personne-Dieu" qu’est – que doit toujours être – le spectateur. S’ils pèchent finalement par excès d’enthousiasme, leur travail n’en demeure pas moins franchement stimulant.

À voir si vous aimez /
Humpday de Lynn Shelton, Zack and Miri Make a Porno de Kevin Smith, The 40 Year Old Virgin de Judd Apatow