Festival de films Fantasia : De bruit et de fureur
Cinéma

Festival de films Fantasia : De bruit et de fureur

Pour sa deuxième semaine, le Festival de films Fantasia fait voir sous un nouveau jour des artistes bien connus. Nos suggestions.

Air Doll

Appartenant à un quadragénaire célibataire (Itsuji Itao) qui la traite comme sa femme, une poupée gonflable (Bae Du-na, vue dans The Host) prend un jour soudainement vie. Sans éveiller les soupçons de son maître, elle mène alors une double existence, allant jusqu’à s’éprendre du commis du vidéoclub (Arata) où elle travaille. Si la prémisse fait sourire, Air Doll de Hirokazu Kore-eda (Still Walking, After Life, Nobody Knows) s’avère pourtant une fable mélancolique sur le sens de la vie. Raconté du point de vue du naïf et attachant personnage, ce bijou de réalisme magique offre de jolis moments de poésie qui en font sans doute le plus touchant film de l’édition 2010. (15 et 18 juillet, J.A. De Sève)

Fish Story

Coscénariste de Dark Water de Hideo Nakata, Yoshihiro Nakamura propose une folle histoire sur fond de fin du monde et de musique punk en cinq temps. Le tout débute en 2012, à quelques heures de l’écrasement d’une comète sur la Terre, chez un disquaire qui croit qu’une chanson enregistrée en 1975 par un quintette punk pourra sauver l’humanité. Avec une habileté déconcertante, Nakamura exécute des allers-retours dans le temps afin de nous dévoiler les origines de la chanson et le lien unissant les personnages, le tout résumé avec brio dans une séquence finale bercée par ce ver d’oreille qu’est Fish Story. Pour une fois qu’on ne nous sert pas un film d’une connerie abyssale sur la fin du monde, pas question de bouder son plaisir. (16 et 18 juillet, J.A. De Sève)

La Meute

Une jeune fille délurée (Émilie Dequenne) prend sur le pouce un homme plutôt sombre (Benjamin Biolay). Alors qu’ils se sont arrêtés dans une auberge tenue par une dame peu amène, l’inconnu disparaît et mal prend à la jeune fille de l’attendre. Pimentant d’un humour absurde et de quelques observations à caractère social les clichés propres aux films d’horreur de série B, La Meute du Belge Franck Girard ne brille certes pas par son originalité, mais se laisse regarder avec plaisir. De fait, comment résister à Yolande Moreau, l’inoubliable interprète de Séraphine, dépeçant des cadavres? Délicieusement tordu. (20 juillet, Hall; 21 juillet, J.A. De Sève)

The Devils

Libertin impénitent, l’abbé de Loudun, Urbain Grandier (Oliver Reed, colossal), est accusé d’avoir ensorcelé des religieuses, dont l’hystérique soeur Jeanne (Vanessa Redgrave, inquiétante), par l’entourage du cardinal Richelieu qui souhaite l’évincer. Basé sur la pièce de John Whiting et le roman d’Aldous Huxley, The Devils de Ken Russell (Prix de la réalisation à Venise en 1971) prend bien des libertés avec l’Histoire, mais ne lésine pas dans sa façon d’illustrer l’injustice et l’abus de pouvoir qui régnaient en France au 16e siècle. Ainsi, les scènes de torture laissent peu de place à l’imagination… de même que les scènes d’orgies mystiques, lesquelles passèrent sous le couperet de la censure. Du Russell puissance mille à (re)découvrir en version restaurée et non censurée. (19 juillet, Hall, en présence du réalisateur qui recevra un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière)

The Executioner

Premier long métrage de Choi Jin-ho, The Executioner traite avec sobriété de la peine de mort, toujours en vigueur en Corée du Sud (bien qu’il n’y ait pas eu d’exécutions depuis 1997). Peu de temps après son embauche, un jeune gardien de prison doutant de sa vocation (Yoon Kye-sang) n’aura d’autre choix que de participer à trois mises à mort avec ses collègues, dont un qui semble un dur à cuire (Cho Jae-hyun). Tourné dans une vraie prison, ce drame carcéral dévoile les liens particuliers pouvant unir prisonniers et gardiens. Si les drames que vivent les gardiens hors de prison paraissent par moments superflus, bien qu’éclairants quant aux dilemmes moraux qui les rongent, les propos qu’ils échangent entre les murs amènent le spectateur à vivre bien des émotions contradictoires. (18 et 20 juillet, J.A. De Sève)

Jusqu’au 28 juillet
www.fantasiafestival.com