Piché entre ciel et terre : Là-haut
Cinéma

Piché entre ciel et terre : Là-haut

Dans Piché entre ciel et terre, de Sylvain Archambault, Michel Côté et son fils Maxime LeFlaguais incarnent tour à tour l’héroïque pilote d’avion au passé trouble.

Le 24 août 2001, une fuite d’essence a forcé le vol 236 d’Air Transat à atterrir d’urgence aux Açores. Aidé de son copilote, le commandant Robert Piché a relevé ce défi, sauvant du coup plus de 300 vies.

Dans les mois qui ont précédé le tournage de Piché entre ciel et terre, l’équipe du film a elle aussi dû composer avec des circonstances difficiles, qui auraient pu faire s’écraser le projet.

"Nous aussi, on a fait un atterrissage forcé. Il y avait 2,5 millions à couper [au budget], donc il fallait récrire le scénario d’Ian Lauzon. C’est pour ça d’ailleurs qu’Érik Canuel est parti", se rappelle Michel Côté, faisant référence à celui qui devait à l’origine réaliser le long métrage, avant d’être remplacé in extremis par Sylvain Archambault (Pour toujours, les Canadiens).

Piché entre ciel et terre marque la seconde fois que Côté se glisse dans la peau d’une personne réelle au grand écran, après Le Dernier Tunnel, où il jouait Marcel Talon. "Dans notre métier, plus on est connu, plus ça devient difficile que les gens croient qu’on est quelqu’un d’autre, souligne l’acteur qui fêtait ses 60 ans le 25 juin dernier. Et là en plus, tout le monde connaît Robert Piché, alors il faut non seulement que les gens oublient que je suis Michel Côté, il faut aussi qu’ils croient que je suis Robert Piché. C’est pas évident!"

Maxime LeFlaguais, qui interprète Piché dans ses jeunes années, explique comment Côté et lui ont contourné le problème: "On a décidé de ne pas aller dans le mimétisme et l’imitation. C’était plus important qu’il y ait une cohérence entre Michel et moi qu’avec le vrai Robert Piché."

Avant le tournage, le père et le fils se sont donc rencontrés pour calibrer leurs interprétations respectives de Piché, afin que le personnage demeure cohérent à travers le film. "On a fait le texte de Maxime ensemble, puis après ça on a fait mon texte ensemble. Juste pour voir comment j’aurais joué le jeune, puis comment lui aurait joué le vieux", résume Côté.

Un héros imparfait

Si Piché a indéniablement fait preuve d’un admirable sang-froid aux commandes de son avion, il est loin d’avoir toujours été un être sans reproches. "C’est un homme avec ses défauts et ses qualités, admet Côté. Mais par où tu passes dans la vie, et surtout comment tu t’en sors, c’est ça qui montre qu’un gars a des nerfs. Juste le fait de redevenir un pilote de ligne dans une compagnie majeure après avoir fait de la prison pour trafic de drogues, essayez ça aujourd’hui!"

"Piché, c’est quelqu’un de très aventurier, ajoute LeFlaguais. Il a fait ses folies de jeunesse, il en a bien profité dans les années 70: l’alcool, la drogue, les filles… L’atterrissage en 2001 a fait ressortir tout ça, ça l’a vraiment confronté à ses démons. En tant que personne, il avait des choses à régler."

Bien que présent durant tout le processus de création du long métrage sur sa vie, le pilote n’a jamais exigé qu’on le fasse mieux paraître en gommant certains aspects de son histoire. "C’est ça qui fait qu’aujourd’hui il marche dans la rue la tête haute: parce qu’il n’a rien à cacher. Il a un instinct de survie extrêmement développé et aujourd’hui, il est solide comme un roc. Robert Piché, c’est la preuve vivante que ça se peut, quelqu’un qui renaît après être passé proche de se crasher plusieurs fois", conclut Côté.

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Pour toujours, les Canadiens de Sylvain Archambault, la biographie Robert Piché aux commandes du destin de Pierre Cayouette, Airport 1975 de Jack Smight

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PICHE ENTRE CIEL ET TERRE

On pourrait discuter longuement de la légitimité de consacrer un biopic au courageux commandant Piché (Michel Côté, d’un stoïcisme parfait, et Maxime LeFlaguais, d’une belle aisance). De fait, qu’apprend-on réellement de plus sur l’homme qui a sauvé plus de 300 vies grâce à ses nerfs d’acier et qui est devenu la proie des médias lorsque ceux-ci ont découvert son sombre passé? Eh bien, si l’on avait donné un peu plus de place au talentueux scénariste Ian Lauzon (De père en flic, Cabotins), sans doute que ce dernier aurait pu pondre une étude de caractère intéressante. Or, les tourments de Piché, racontés en flash-back lors d’une cure de désintoxication, font l’objet d’un récit anecdotique dont le point culminant est le périlleux atterrissage du vol 236 d’Air Transat. Là, on coupe la bande son et on sort les gros violons alors que se multiplient les gros plans sur les visages alarmés des passagers. Bien qu’il soit impossible de rester de glace devant leur angoisse et leur détresse, force est d’admettre que cette finale ne fait pas de Piché entre ciel et terre un grand film. À des lieues de son excellente télésérie Les Lavigueur, la vraie histoire, ce deuxième long métrage de Sylvain Archambault se révèle un laborieux drame psychologique dont la mise en scène racoleuse ne fait qu’y mettre du plomb dans l’aile.