Made In Hungaria : Rock'n'roll!
Cinéma

Made In Hungaria : Rock’n’roll!

Dans Made In Hungaria, de Gergely Fonyó, un adolescent rebelle retourne vivre dans sa Hongrie natale, en pleine guerre froide.

Au milieu des années 60, nombreux sont ceux qui, en Hongrie comme dans plusieurs pays communistes, rêvent d’Amérique et de liberté. Si certains se risquent à tester la validité du mythe et à s’évader de leur propre pays, il est plutôt rare de voir des gens effectuer le chemin inverse. Voilà pourtant l’improbable décision que prennent les parents du jeune Miklós Fenyó (Tamás Szabó Kimmel, excellent) lorsqu’ils décident de revenir s’établir à Budapest, après des années passées aux États-Unis et en Angleterre. De retour derrière le rideau de fer, l’adolescent rebelle n’a cependant plus l’intention de s’en laisser imposer par les autorités.

Après avoir renoué avec ses anciens amis dans un grand fracas musical, Miki retrouve ainsi Vera (Tünde Kiss), sa flamme de jeunesse, et tente de la pervertir à son tour. Rapidement, les autorités s’élèvent contre lui et s’assurent de le maîtriser dans ses efforts de corruption de ses semblables, lui imposant même de s’inscrire au concours des jeunes talents et d’oeuvrer pour la bonne cause en y faisant la promotion de la bonne musique. Alors que ses amis s’acharnent à revisiter les répertoires des Buddy Holly, Elvis Presley et autres Jerry Lee Lewis, lui se retrouve prisonnier du système, agent de la continuité. C’est finalement son pire ennemi, Röné (Iván Fenyö, très juste), qui lui montrera le chemin à emprunter: celui de la musique.

Dans cette comédie musicale signée Gergely Fonyó, la musique se trouve au centre d’une réflexion identitaire plutôt caricaturale, qui empêche le film de s’élever au-dessus de sa proposition première. Car si la jeunesse se dresse ici contre les autorités, elle le fait comme ailleurs dans le monde occidental, sans véritable nécessité, mais plutôt comme par réflexe. Si cela peut être cohérent dans un film américain, par exemple, où les enjeux sont moins cruciaux, on regrette que la recette soit simplement reprise dans un contexte politique comme celui-ci, cela, même si l’on prétexte le pastiche pour s’exécuter.

En conséquence, la légèreté de l’ensemble apparaît comme étant inadéquate, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas si le film n’avait pas eu la prétention de faire dans l’historique, car supposément basé sur une histoire vraie. Considérant le peu de films hongrois qui se retrouvent sur nos écrans, on regrette un peu de découvrir ce véritable sous-produit américain, ultimement dépourvu d’une identité propre.

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