39e Festival du Nouveau Cinéma : Écrans du monde
Jusqu’au 24 octobre, le 39e Festival du nouveau cinéma, fidèle à ses habitudes, propose aux cinéphiles une programmation des plus remarquables.
À première vue, on remarque qu’une fois de plus, la programmation du Festival du nouveau cinéma fait la part belle au cinéma québécois. Outre la présentation en ouverture de 10 1/2 de Podz (14 oct.) et en clôture de Curling de Denis Côté (23), on y découvrira plusieurs nouveautés.
Se retrouvent au programme dans la première semaine: Neige et Cendres de Charles-Olivier Michaud (14 et 15); La Fille de Montréal de Jeanne Crépeau (14 et 19); The Kate Logan Affair de Noël Mitrani (15 et 16); Jo pour Jonathan de Maxime Giroux (16 et 17); La Route des cieux de Jean-Pierre Lefebvre (17 et 18); et Simplement Nous… de David Tousignant et Tomi Grgicevic (17 et 20). Figurent aussi Vous n’aimez pas la vérité, documentaire de Patricio Henriquez et Luc Côté sur l’interrogatoire du jeune Omar Khadr, en ouverture de la section Focus (14), ainsi que Les Lignes ennemies, moyen métrage de Denis Côté (18 et 20).
Un hommage sera par ailleurs rendu au regretté Pierre Falardeau, dont on présentera les films Le Party (19), dans une version restaurée et numérisée en HD par Éléphant, et Octobre (25), ce qui permettra ainsi de souligner le 40e anniversaire de la Crise d’octobre, de même qu’un documentaire lui étant consacré, Falardeau de German Gutierrez et Carmen Garcia (20 et 22).
Du côté international, soulignons la présence d’une foule de cinéastes reconnus: Olivier Assayas, dont le Carlos sera présenté en version intégrale (14); Julie Bertuccelli (L’Arbre, 15 et 16); Coline Serreau, qui sera de la fête avec Solutions locales pour un désordre global (15 et 17); Claire Denis (White Material, 17 et 24); Bruce McDonald (Music from the Big House, 18 et 20); Christophe Honoré (Homme au bain, en présence de l’acteur porno gay François Sagat, 20 et 21); et Charles Ferguson (Inside Job) (17). L’acteur Louis Garrel viendra également présenter son court métrage Petit Tailleur (16 et 19).
Le menu de la section Temps Ø est aussi très alléchant. On pourra notamment y voir Chatroom de Hideo Nakata (15 et 19), Enter the Void de Gaspar Noé (16 et 18, en présence du réalisateur), David Wants to Fly de David Sieveking, documentaire sur la méditation transcendantale mettant en vedette David Lynch (17 et 19), Kaboom de Gregg Araki (18 et 19), le film d’horreur français tourné au Québec Territoires d’Olivier Abou (20 et 22), ainsi que Mad Dog Morgan de Philippe Mora, western australien de 1976 avec le regretté Dennis Hopper (20 et 22).
Mentionnons d’autre part la rétrospective des films de Pierre Étaix, qui assistera aux projections, et celle de ceux de Wang Bing, qui donnera une leçon de cinéma, les hommages à Werner Schroeter (premier invité international de l’édition originale du festival en 1971 et à qui "le FNC est dédié à vie", au dire de Claude Chamberlan), à Roger Diamantis, à André Lamy, à Daniel Schmid et à Kathleen Hodgson Fleming.
Notons enfin la section pour enfants Les P’tits Loups, les performances audiovisuelles, installations interactives et films expérimentaux présentés dans le cadre du FNC Lab, les soirées au Quartier général du Festival… et bien plus encore.
All Flowers in Time, de Jonathan Caouette
Dans cet étrange objet de beauté et d’horreur qu’est ce court métrage mettant en vedette Chloë Sevigny, une émission de télé néerlandaise donne aux gens l’illusion qu’ils peuvent se transformer en monstres. Le réalisateur de l’époustouflant Tarnation (projeté le 22 en présence du réalisateur) prouve encore qu’il est un génie du montage. (14, 15 et 17)
Balada Triste de Trompeta, d’Alex de la Iglesia
Embauché dans un cirque sur le déclin, un clown triste (Carlos Areces) devient le rival d’un clown drôle (Antonio de la Torre) lorsqu’il s’éprend d’une danseuse (Carolina Bang). Carnavalesque, audacieux, exubérant, voire outrancier. Lion d’argent (mise en scène) et Prix du scénario à Venise. (14 et 17)
Les Journaux de Lipsett, de Theodore Ushev
Écrit par Chris Robinson, narré par Xavier Dolan, ce magnifique court métrage d’animation formé de tableaux richement texturés s’enchaînant avec une parfaite fluidité se veut une incursion dans l’esprit tourmenté du cinéaste expérimental canadien Arthur Lipsett. (14 et 23)
O Estranho Caso de Angélica, de Manoel de Oliveira
Reposant sur une intrigue trop mince, ce conte aux accents surréalistes met en scène un photographe (Ricardo Trêpa) qui s’éprend d’une jeune mariée décédée (Pilar Lopez de Ayala) qui reprend vie devant son objectif. En résulte néanmoins une charmante fantaisie rappelant Buñuel, Chagall et Maupassant, du doyen du cinéma. (15 et 17)
Tamara Drewe, de Stephen Frears
Adaptation d’un roman graphique de Posy Simmonds, lui-même librement inspiré de Far from the Madding Crowd de Thomas Hardy, Tamara Drewe est une jouissive comédie rose bonbon acidulé mettant en vedette la ravissante Gemma Arterton en journaliste people qui fait des ravages dans le coeur des hommes de son village natal. (16)
Jaloux, de Patrick Demers
Fascinante et troublante analyse de la jalousie à l’intérieur d’un jeune couple (Sophie Cadieux et Maxime Denommée), ce premier long métrage fort prometteur de Patrick Demers glisse doucement vers le thriller dès qu’arrive en scène Benoît Gouin en voisin dont les bienveillantes intentions s’avèrent plus qu’inquiétantes. (16 et 17)
Biutiful, d’Alejandro González Iñárritu
Premier film écrit sans la collaboration de Guillermo Arriaga, Biutiful d’Alejandro González Iñárritu se laisse apprivoiser très, très lentement. Campé dans les bas-fonds de Barcelone, le récit s’attache au destin d’Uxbal (Javier Bardem, magistral), père de famille monoparentale qui parle avec les morts, se charge du sort des immigrants clandestins et lutte contre un cancer. Au diapason du héros, Biutiful tend à s’éparpiller et à s’essouffler, mais impressionne par sa dévastatrice peinture de milieu où point timidement l’espoir. Prix d’interprétation masculine à Cannes. (17)
Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois
Mettant en vedette Lambert Wilson et Michael Lonsdale, Des hommes et des dieux raconte, en respectant le mode de vie austère d’un monastère, les derniers jours des sept moines français assassinés dans de mystérieuses circonstances en Algérie. Un film humaniste et bouleversant qui ne déifie ni n’idéalise ces hommes de foi qui souhaitaient vivre en harmonie avec leurs prochains de confession musulmane. Grand Prix du jury à Cannes. (19)