Festival d'animation d'Ottawa 2010 : Recréer le passé
Cinéma

Festival d’animation d’Ottawa 2010 : Recréer le passé

Présenté hors compétition dans le cadre du Festival d’animation d’Ottawa, Les Journaux de Lipsett, de Théodore Ushev, tente d’imaginer l’histoire d’un génie de l’animation tragiquement disparu.

Véritable précurseur tant par sa technique avant-gardiste que par les qualités artistiques de ses réalisations, le cinéaste d’animation Arthur Lipsett a influencé des générations entières de cinéastes dont, notamment, George Lucas et Stanley Kubrick – ce dernier lui aurait même proposé dans les années 60 une éventuelle collaboration. Si les critiques l’encensèrent rapidement (son Very Nice, Very Nice de 1961 s’est vu cité aux Oscars), l’oeuvre de Lipsett se révélera hantée par une singulière paranoïa, et le thème de la dépersonnalisation, si prisé par Lipsett, n’y sera que le triste reflet des troubles psychologiques de son créateur. Sa dernière réalisation artistique remonte à 1970 et elle fut suivie d’un mutisme qui s’est poursuivi jusqu’à un jour gris d’avril 1986 où Lipsett décida d’en finir avec la vie. Il avait 49 ans.

Ce n’est que plusieurs années plus tard que le cinéaste de l’ONF d’origine bulgare Théodore Ushev entreprend des recherches sur son oeuvre. "C’est Chris Robinson [directeur artistique du Festival d’animation d’Ottawa et scénariste des Journaux de Lipsett] qui m’a demandé de commencer des recherches dans les archives de la Cinémathèque québécoise, explique le réalisateur. En tombant sur quelques-unes de ses lettres, j’ai vite compris qu’il avait habité dans l’immeuble où j’ai moi-même habité dès mon arrivée à Montréal, juste à côté de l’Oratoire Saint-Joseph. À la suite de cette découverte, il était inévitable que je fasse ce film-là."

Les Journaux en question n’existent pas. En réalité, l’idée est issue de l’imagination de Robinson et de Ushev, qui utiliseront cette prémisse – celle d’avoir retrouvé les écrits intimes du génie – comme point de départ. Sorte d’hommage par la fiction. "On a fait la déconstruction de ce film par la lecture de ces journaux imaginaires. En tentant d’entrer dans la tête d’un surdoué, on ne sait jamais à quoi s’attendre, puisque, pour un génie, il est facile de sombrer dans la folie, comme ça a été le cas pour Lipsett", explique le réalisateur, qui a travaillé tout près de trois ans sur la complétion du film aux dessins expressionnistes et narré – dans les deux langues officielles! – par Xavier Dolan. "J’ai dit à Xavier: "Écoute, Lipsett, pour moi, c’est un génie. Et Lipsett, c’est toi. Un enfant prodige." Il a rapidement compris ce que je voulais. Il n’a même pas eu à jouer un rôle, il a narré en tant que Xavier Dolan, et c’était parfait de cette façon", termine Ushev.

Présenté dans le cadre du
Festival d’animation d’Ottawa

Pour horaire et informations
www.animationfestival.ca