Pierre Demers : L'odyssée des démolisseurs
Cinéma

Pierre Demers : L’odyssée des démolisseurs

Une fois de plus, le poète Pierre Demers fait trembler son maire préféré avec, pour seule arme, sa caméra.

Ce qui n’aurait dû être qu’une simple projection devant quelques personnes a pris une ampleur médiatique qui ferait mourir d’envie bien des promoteurs. Le réalisateur de Trous de mémoire, Pierre Demers, nous explique la genèse d’une telle tempête: "Au départ, il était prévu que mon film soit projeté à la Salle Marguerite-Tellier de la Bibliothèque publique de Chicoutimi. Quelques semaines plus tard, le directeur de la bibliothèque m’a contacté car des gens de la Ville voulaient voir le film avant de m’autoriser à le présenter. Comme le montage n’était pas terminé, j’ai quand même accepté de passer le test, mais uniquement auprès des responsables de la bibliothèque. On m’a alors demandé de retirer du film le nom de la conseillère Marina Larouche. En plus de ça, les responsables n’étaient pas très chauds à l’idée de la cérémonie qui allait suivre la projection."

La cérémonie en question, qui relevait davantage d’un exercice de style humoristique, consistait à remettre à trois lauréats des briques afin de souligner leur apport à la démolition de la ville de Saguenay. Demers explique: "C’était directement en lien avec Trous de mémoire. Deux jours avant la démolition de la bâtisse qui abritait la librairie Jacques-Cartier, j’ai décidé de profiter de l’occasion afin de faire un film sur la destruction du patrimoine. Je voulais traiter de la laideur de Saguenay."

Passé maître en matière de brûlots de toutes sortes, Pierre Demers avait tout d’abord intitulé son film Nous sommes tous des Marina: "Il faut savoir que Mme Larouche a une longueur d’avance sur tout le monde en ce qui a trait à la destruction du patrimoine. C’est elle qui a notamment autorisé la démolition de la maison Lévesque de la rue Racine. Dans le cas de la librairie Jacques-Cartier, tout ce que les propriétaires avaient demandé afin de sauver leur commerce, c’était un montant de 100 000 dollars pour réparer leur immeuble et ils n’ont rien eu. Ironiquement, on apprenait il y a quelques jours que Promotion Saguenay avait fait un don du même montant au zoo de Saint-Félicien. C’est quoi le rapport? Ils préfèrent investir dans les macaques japonais et non dans le patrimoine?"

Bien que Trous de mémoire ne puisse pas jouir des installations de la Bibliothèque publique de Chicoutimi, il reste que le film sera quand même projeté à quelques mètres de là. Les spectateurs pourront donc assister gratuitement à la projection du dernier film de Pierre Demers dans le sous-sol de l’église Christ-Roi le 21 octobre. Gageons que l’assistance se fera nombreuse, car les péripéties municipales de Demers ont déjà fait couler beaucoup d’encre.

D’ailleurs, le cinéaste et poète ne s’en plaint pas: "Au lieu de mettre le couvert sur mon film, tout ça lui aura permis de mettre le sujet du patrimoine sur la sellette. C’est une bonne chose. Il est temps qu’on consulte."

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