Rencontres internationales du documentaire de Montréal : Aux frontières du réel
Cinéma

Rencontres internationales du documentaire de Montréal : Aux frontières du réel

Jusqu’au 21 novembre, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal présenteront une centaine de films où le réel dépasse souvent la fiction.

La Part d’ombre, de Charles Gervais

Débutant avec une citation de Catherine Mavrikakis ("Il faut des siècles pour se remettre de l’histoire de sa famille."), ce magistral documentaire accompagne une jeune femme d’origine cambodgienne qui, à la suite du décès de son frère, entreprend d’affronter les horreurs jalonnant le passé de leurs parents, qui ont fui les Khmers rouges de Pol Pot pour venir s’établir au Québec. Exode forcé des villes, emprisonnement et torture, camps de rééducation et d’extermination, fosses communes… Admirablement mis en images et porté par une narration et des témoignages qui touchent droit au coeur, La Part d’ombre se démarque par la façon dont il aborde une des pages les plus sombres de l’Histoire de l’humanité par le biais d’une quête personnelle. Incontournable.

Le 12 à la Grande Bibliothèque et le 16 au Cinéma Parallèle, en présence du réalisateur

The Night Pasolini Died, de Roberta Torre

À travers une entrevue avec Pino Pelosi, le jeune amant de Pier Paolo Pasolini qui fut inculpé de son meurtre à l’époque, mais qui clame aujourd’hui son innocence, ce court métrage tente de reconstituer les événements du 2 novembre 1975, nuit où le cinéaste a été brutalement battu puis écrasé avec sa propre voiture. Le troublant témoignage de Pelosi est entrecoupé d’images évocatrices, montrant notamment diverses pièces à conviction.

Le 13 à la Grande Bibliothèque et le 14 au Cinéma Parallèle, en présence de la réalisatrice

Videocracy, d’Erik Gandini

Il est déjà difficile de comprendre que le premier ministre italien, Silvio Berlusconi, soit le riche propriétaire d’un empire médiatique. Mais lorsqu’on voit que ledit empire produit majoritairement des téléréalités débiles et des émissions de variétés qui exploitent les femmes avec un sans-gêne effarant, comme le suggère ce documentaire dévastateur, c’en est pratiquement incroyable. C’est comme si Anne-Marie Losique devenait première ministre du Québec! S’intéressant aussi à un hurluberlu qui rêve de devenir le Van Damme italien, au monde des paparazzis et au culte de la célébrité en général, Videocracy est le portrait cynique d’une société qui semble carburer à la vanité.

Le 13 à la Grande Bibliothèque et le 14 au Cinéma Parallèle

Armadillo, de Janus Metz

Lauréat du Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes, ce saisissant documentaire nous transporte dans une base militaire en Afghanistan en compagnie de jeunes recrues danoises, qui se retrouvent soudainement face à d’innombrables talibans voulant les tuer, ainsi qu’à des civils qui ne sont pas particulièrement plus heureux de les voir dans leur pays. Formellement superbe, avec ses images désaturées et sa trame sonore post-rock, et aussi fort dramatiquement qu’un film de fiction, Armadillo est probablement le meilleur film sur la guerre en Afghanistan à ce jour, toutes catégories confondues. À voir absolument.

Le 13 à la Grande Bibliothèque et le 21 à la Cinémathèque québécoise

Red Shirley, de Lou Reed

Cette première réalisation de l’ex-Velvet Underground le voit se rendre chez sa cousine Shirley à la veille de son 100e anniversaire, afin qu’elle lui raconte les grandes lignes de sa vie, de son enfance en Pologne pendant la Première Guerre mondiale à son combat pour les droits des couturières à New York, en passant par un (bref) séjour à Montréal. Principalement composé de gros plans du visage profondément marqué par le temps mais toujours très expressif de la dame, auxquels s’ajoutent de vieilles photos tirées de ses albums de famille, le film de Reed, qui en a composé la musique avec le Metal Machine Trio, parvient tranquillement mais sûrement à nous captiver.

Le 15 à la Cinémathèque québécoise, en présence du réalisateur, et le 21 à la Grande Bibliothèque

Blank City, de Celine Danhier

Vers la fin des années 1970, concurremment avec l’explosion des mouvements punk et no wave, une foule de cinéastes underground ont envahi les rues de New York, mus par une attitude cavalière et un désir de créer à tout prix, sans se soucier du manque de moyens et des conventions, si ce n’est pour les transgresser. Par le biais des témoignages de réalisateurs tels qu’Amos Poe, Jim Jarmusch, Eric Mitchell, Nick Zedd et Casandra Stark Mele, en plus de beaucoup d’images d’archives fascinantes, Blank City nous fait revivre cette époque comme si nous y étions.

Le 17 au Cinéma ONF et le 20 à la Cinémathèque québécoise

Machete Maidens Unleashed!, de Mark Hartley

Les amateurs de grindhouse ne voudront pas manquer ce documentaire drôle et dynamique consacré aux films d’exploitation tournés aux Philippines dans les années 60 et 70. Incluant des interventions de Roger Corman, John Landis, Jack Hill, Joe Dante, Eddie Romero et nombre d’autres, Machete Maidens Unleashed! regorge par ailleurs d’extraits de films absolument délirants où règnent la violence extrême, la nudité gratuite, les effets spéciaux ridicules, le mauvais goût ainsi que, à l’occasion, la subversion politique. Sans oublier Weng Weng, le James Bond nain!

Le 17 à la Grande Bibliothèque et le 20 au Cinéma ONF

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