Revue 2010 / Cinéma : Le septième art à l'heure des réseaux sociaux
Cinéma

Revue 2010 / Cinéma : Le septième art à l’heure des réseaux sociaux

Alors que le Time a nommé le créateur de Facebook homme de l’année, force est de constater que plus que jamais en 2010 cinéma et réseaux sociaux sont indissociables. Pour le meilleur et pour le pire…

Si pendant longtemps la critique était réservée aux professionnels, maintenant, grâce aux nombreux sites Internet, blogues personnels, forums où tout le monde et son frère peuvent s’inscrire sous pseudo ou non, qui fourmillent, celle-ci est devenue un exercice démocratique. D’un côté, les critiques grincent des dents en voyant leur statut remis en question; de l’autre, les distributeurs, ne trouvant pas ces critiques généreux, s’en réjouissent puisque le client, pardon, le public, a toujours raison – surtout si celui-ci fait battre des records au box-office.

Il n’y a rien de nouveau à affirmer qu’il existe un fossé entre la critique et le public. Or, si les studios aiment collectionner les étoiles des critiques afin d’attirer le public, plusieurs ont compris qu’il fallait l’appâter très tôt dans le processus, et ce, de façon encore plus directe qu’avec les campagnes promotionnelles traditionnelles. Ainsi, en 2006, les artisans du film Snakes on a Plane ont ajouté des scènes et des répliques en s’inspirant de commentaires d’internautes. Deux ans plus tard, les jeunes inconnus de Twilight étaient promus au rang de célébrités avant même que le film prenne l’affiche alors que les fans des romans chataient à propos du casting.

Au Québec, le pionnier est Robert Morin avec son Journal d’un coopérant. De fait, le cinéaste a invité le public à venir commenter ses capsules sur son blogue afin de voir comment ceci pouvait influencer le cours de l’histoire et la structure du film. Si le résultat fut concluant et pas du tout consensuel, Morin n’a pas pour autant créé de mode. Ce qui ne veut toutefois pas dire que les réalisateurs, producteurs et distributeurs se tiennent loin des réseaux sociaux.

De plus en plus la promotion des films passe par Facebook ou Twitter. Afin d’être les premiers à découvrir les affiches, les extraits et les bandes annonces des films à venir, les cinéphiles sont invités à devenir "amis" avec lesdits films. Mieux encore, pendant que les critiques font leur auto-promotion sur Facebook et Twitter, de plus en plus de réalisateurs, c’est notamment le cas de Podz chez nous et de David Lynch chez nos voisins, s’expriment sur Internet, permettant ainsi à leurs fans les plus curieux de suivre l’évolution du tournage, de la postproduction, de la tournée des festivals et même leurs coups de coeur (ou de gueule).

Les courts métrages bénéficiant de peu de place dans les programmations régulières, des courts métragistes ont également compris que Youtube pouvait très bien leur servir. Parlez-en au cinéaste d’animation Patrick Boivin, ex-Phylactère Cola, ou à Yves Simoneau, réalisateur d’Assassin’s Creed Lineage, qui totalisent des millions de clics.

Alors que la proximité avec les créateurs et les artistes n’est plus réservée à leur entourage, aux journalistes et admirateurs les plus hardis, donnant ainsi l’impression d’une complicité avec certains d’entre eux – on ne compte plus les commentaires positifs de quidams sur L’appât retweetés par Guy A. Lepage -, les films québécois les plus marquants de l’année traitaient du deuil, du désarroi amoureux, de la solitude et du manque de communication.

La dernière scène de The Social Network de David Fincher, où le créateur du réseau social réunissant plus de 500 millions de membres Mark Zuckerberg, incarné par le splendide Jesse Eisenberg, rafraîchit sa page d’accueil en espérant recevoir une réponse de son amour perdu, serait-elle la plus représentative de l’année, voire de notre époque? Je suis seul, donc je tweete, dirait peut-être Descartes s’il vivait encore.

Flip /

Les films québécois qui, grâce à leur portée universelle, rayonnent dans les festivals à l’étranger et deviennent du coup les meilleurs ambassadeurs de notre culture. Des exemples? Incendies de Denis Villeneuve, lancé à la Mostra de Venise; Les amours imaginaires de Xavier Dolan, prix Regards jeunes au Festival de Cannes; Trois temps après la mort d’Anna de Catherine Martin et Jaloux de Patrick Demers, présentés à Karlovy Vary; Les sept jours du Talion de Podz, lancé à Sundance; et Curling de Denis Côté, lauréat de trois prix à Locarno.

Flop /

Les scénarios inaboutis, pataugeant dans les lieux communs, dans certains cas la niaiserie, qui reçoivent du financement. Des exemples? L’appât d’Yves Simoneau, co-scénarisé par William Reymond; Filière 13 de Patrick Huard, écrit par Claude Lalonde et Pierre Lamothe; Reste avec moi de Robert Ménard, écrit par Claire Wojas.