Liberté : L’oubli
Parce qu’on ne devrait jamais oublier un génocide, Tony Gatlif a réalisé Liberté, récit historique sur le génocide des Roms pendant la Deuxième Guerre mondiale.
En septembre 2009, Tony Gatlif remportait le Grand Prix des Amériques et le prix du public au FFM pour son dernier projet, Liberté. Déjà, l’on vantait un peu partout la très grande beauté lyrique du film, de même que ses belles qualités humanistes, et avec raison. Dans Liberté, le cinéaste français d’origine algérienne s’attache effectivement à rappeler à la mémoire du monde le génocide oublié des Tsiganes survenu en territoire français pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fut orchestré avec la collaboration du régime de Vichy.
C’est principalement autour du personnage de Taloche, interprété avec brio par James Thiérrée (petit-fils de Charlie Chaplin), que s’articule le récit de Liberté. Au cours de l’année 1942, une famille de Tsiganes, où se retrouve justement Taloche, arrive dans un village français occupé par les nazis et constate qu’elle ne pourra plus vagabonder comme avant, les carnets anthropométriques ne suffisant plus à assurer leur sécurité. Théodore (Marc Lavoine), maire dudit village, tentera alors de leur venir en aide en leur cédant l’une de ses terres, mais la sédentarité n’étant pas exactement leur fort, cette solution ne durera qu’un temps.
Le film, qui met également en vedette Marie-Josée Croze dans le rôle d’une institutrice membre de la Résistance, ne prend véritablement son envol que lorsqu’il se libère des carcans trop serrés qu’il s’était probablement imposés de lui-même, eu égard à la nature de son sujet.
Il faut dire que, selon l’aveu même du réalisateur, les personnages du film ont été inspirés par des personnages historiques découverts pendant l’écriture du scénario. En cela, l’on comprend très bien le sérieux de la démarche de Gatlif, qui souhaitait possiblement ne pas en faire des tonnes et laisser l’adaptation de ces faits historiques s’exprimer d’elle-même, en toute simplicité.
C’est pourtant avec regret que l’on constate cette retenue du réalisateur, qui s’exprime avec immensément plus de puissance lorsqu’il accompagne le personnage de Taloche dans ses excursions à l’extérieur de sa réalité. Alors, l’impression naît que Gatlif s’ouvre à l’universel, et que son film n’est pas que le simple rapport d’une réalité oubliée, qu’un simple compte rendu historique. Un récit trop chargé est possiblement la cause première de cette retenue. Malgré cela, Liberté s’avère un film réussi, qui possède de très nombreuses qualités et qui, par-dessus tout, était nécessaire.
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