L’enfance du mal : Ange ou démon?
Dans L’enfance du mal, Olivier Coussemacq met en scène Anaïs Demoustier dans le rôle d’une jeune fille marginale débordante de débrouillardise.
Cette jeune fille, c’est Céline (Anaïs Demoustier), 14 ans, qui a fui son tuteur et survit grâce à des larcins commis, une fois la nuit tombée, en compagnie de son copain Romain (Sylvain Dieuaide, franchement inquiétant). Astucieuse, elle n’hésite pas à utiliser la dépendance d’un couple bourgeois pour s’abriter, cela, même si elle s’exécute à l’insu du juge Henri Van Eyck (Pascal Greggory) et de sa femme Nathalie (Ludmila Mikaël), propriétaires des lieux. Elle a d’ailleurs fort à faire pour se justifier lorsque ces derniers la découvrent et la bombardent de questions, mais en un rien de temps, elle les séduit et réaffirme sa présence parmi eux. Mais cette adolescente est-elle aussi innocente qu’elle le laisse paraître? Rien n’est moins certain.
Par de petits effets de mise en scène savamment travaillés et la présence de courtes phrases lancées avec légèreté mais chargées de sous-entendus éloquents, Olivier Coussemacq parvient à installer une tension qui traverse l’ensemble de son film comme un véritable leitmotiv musical, qu’il vient par ailleurs relever de courtes scènes franchement dissonantes qui agissent étrangement, mais de façon néanmoins efficace, comme moteur de l’intrigue. L’interprétation inspirée d’Anaïs Demoustier, à la fois fragile et monstrueusement résolue, appuie tout du long cette tension malsaine qui surplombe l’ensemble du récit.
Cependant, si la réalisation de Coussemacq souffre d’un manque d’assurance évident, c’est véritablement sur le plan de l’écriture du film que se posent les problèmes les plus importants. Des pistes abandonnées en cours de route, des thématiques vaguement esquissées, un montage erratique qu’il aurait été aisé d’améliorer en ne faisant que resserrer légèrement l’intrigue, tout cela est question d’expérience, et Coussemacq ne se fera probablement plus reprendre à jouer le timide avec son propre texte. En ce sens, une plus grande confiance en ses moyens de réalisateur aurait certainement contribué à former de façon plus cohérente le produit final.
À la condition d’exclure sa fin abracadabrante, qui nous laisse tout de même un goût amer dans la bouche tellement elle nous apparaît improbable et atrocement forcée, ce premier film d’Olivier Coussemacq demeure une oeuvre intéressante, dans laquelle se distingue un talent de metteur en scène dont on observera avec intérêt l’épanouissement.
À voir si vous aimez /
The Good Son de Joseph Ruben, Swimfan de John Polson