Festival international de cinéma Vues d’Afrique : À l’heure des changements
Du 29 avril au 8 mai, le théâtre du Gesù accueille la 27e édition du Festival international de cinéma Vues d’Afrique.
Cette année encore, c’est sous le signe de la diversité que Vues d’Afrique se déroule, puisque ce n’est pas moins de 31 pays qui sont représentés à travers les 120 films sélectionnés. C’est le documentaire Kinshasa Symphony, des Allemands Claus Wischmann et Martin Baer, qui a été retenu afin de lancer les festivités. Ce film lumineux, où est racontée l’histoire récente de la République démocratique du Congo au moyen d’une série de portraits de musiciens du seul orchestre symphonique d’Afrique centrale, est un choix de programmation plutôt sage, qui devrait permettre au festival de commencer sur une bonne note.
La République démocratique du Congo occupe une place de choix pendant le festival, puisque est également présenté Viva Riva!, du Congolais Djo Tunda Wa Munga, premier film de fiction à être tourné en RDC depuis les guerres récentes qui ont durement frappé le pays. Même s’il s’agit d’un film de gangsters assez conventionnel, il se trouve suffisamment de fragments de la réalité congolaise dans Viva Riva! pour rehausser considérablement l’intérêt de cette transposition du genre en mode africain.
S’il aborde les problématiques sociales de son pays d’origine par la bande dans Viva Riva!, le réalisateur les attaque véritablement de front dans State of Mind, un documentaire qu’il consacre à une initiative expérimentale qui a comme ambition de guérir les cicatrices et de changer l’état d’esprit de la nation congolaise. Par ce film, il tente de démontrer qu’il est possible de changer le cours de choses, et que le cinéma peut avoir un rôle à jouer dans ce long processus.
Nous pourrions en dire autant d’Africa United, de la Britannique Debs Gardner-Paterson, qui raconte l’histoire d’enfants africains qui s’associent afin de traverser le continent et d’assister à la Coupe du monde de football de 2010, à Johannesburg. Ici, comme souvent dans le cinéma africain, il est question d’identité africaine à l’ère de la mondialisation. Ainsi, malgré sa réalisation dynamique et son humour bon enfant, un véritable discours politique traverse le récit d’Africa United. Il est question d’écrire de nouvelles histoires, et d’opposer au cynisme la naïveté et le bon entrain de la jeunesse qui, encouragée par la puissance de ses rêves, ira jusqu’à réaliser l’impossible.
On distingue le même genre de propos dans l’excellent documentaire Rap arabe, du Canadien Bachir Bensaddek. À l’heure des révolutions dans le monde arabe, le réalisateur offre la parole aux rappeurs et aux artistes de la rue. Là où la jeunesse politisée se révolte, le rap est devenu une arme puissante de subversion. Entre le Maroc, le Liban, la Syrie et la Jordanie, Bensaddek dresse le portrait fascinant d’une jeunesse enragée, qui nous permet de mieux comprendre les événements récents. Incontournable.
En supplément de programme, le festival s’associe à un colloque intitulé L’avenir des images en Afrique, qui se déroulera le 4 mai en présence du réalisateur tunisien Férid Boughedir et qui s’intéressera aux mouvements de contestation populaire survenus récemment en Afrique du Nord.