Frisson des collines : Sur la route de Woodstock
Dans Frisson des collines, Richard Roy fait revivre le Québec rural des années 60 alors que Hendrix éclipsait Elvis.
Qu’on ait vécu ou non les années 60, force est de constater à quel point il est facile d’idéaliser cette époque où l’homme fit ses premiers pas sur la Lune, où Janis chantait comme une écorchée vive et où Hendrix mettait littéralement le feu à sa guitare. Transposer ce temps de l’innocence et de la liberté lorsqu’on l’a vécu gamin peut mener vers les pièges de la nostalgie bébête, la reconstitution d’époque surlignée et l’avalanche de bons sentiments. Or, on ne rencontre pas ces excès chez Richard Roy (Moody Beach, Caboose).
De fait, jamais la direction artistique de Jean Bécotte et les costumes de Michèle Hamel ne viennent faire ombrage à ce récit d’apprentissage raconté à hauteur d’ado de 12 ans dénommé Frisson (Antoine Olivier Pilon, belle révélation du film) qui rêve d’aller voir Hendrix à Woodstock, et ce, même s’il vient de perdre son père (Patrice Robitaille, attachant). Déterminé, Frisson tentera d’abord de convaincre son ami Tom (Guillaume Lemay-Thivierge, décontracté et charismatique) de l’y emmener sur sa Harley, puis sa jolie maîtresse d’école (Evelyne Brochu, solaire et sensuelle).
Tandis que se font entendre des tubes des Hou-Lops, par la voix d’Antoine Bertrand, truculent dans le rôle du tough du village, de Dylan, de Steppenwolf et, bien sûr, de Hendrix, Frisson des collines s’avère un charmant voyage dans le temps, voire une "parenthèse enchantée", pour reprendre l’expression de Françoise Giroud décrivant cette période marquée par la révolution sexuelle.
Baignée par la lumière dorée d’Yves Bélanger, ponctuée d’amusantes scènes de rêverie éveillée, bien servie par une mise en scène discrète, cette comédie dramatique de Richard Roy fait la part belle aux acteurs, qui jouent sans exception leur partition sans fausse note, de la mignonne Alice Morel-Michaud en gamine délurée à la touchante Anick Lemay en veuve éplorée. Coécrit par Michel Michaud, Frisson des collines alterne habilement entre l’émotion et la drôlerie, la gravité et la fantaisie, tout en demeurant à chaque moment empreint d’une pure sincérité.
À voir si vous aimez /
Un été sans point ni coup sûr de Francis Leclerc, Histoires d’hiver de François Bouvier, Taking Woodstock d’Ang Lee