Catherine Deneuve / François Ozon / Potiche : Madame au foyer
Adaptation fidèle et décalée d’un boulevard de Barillet et Grédy, Potiche, de François Ozon, met en scène Catherine Deneuve en ménagère émancipée.
Manon Dumais
L’une des plus charmantes surprises au dernier Festival international de films de Toronto fut sans contredit Potiche, de François Ozon, d’après la pièce de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, dramaturges à succès des années 70 et 80. Alors que la pièce avait été taillée sur mesure pour la regrettée Jacqueline Maillan, que certains surnommaient "la Funès en jupons", François Ozon n’avait qu’une actrice en tête pour incarner ladite potiche: l’impériale Catherine Deneuve.
Campé en 1977, Potiche raconte l’histoire de Suzanne (Deneuve), épouse potiche de Robert (Fabrice Luchini), misogyne directeur d’une usine de parapluies, et mère d’un garçon de gauche (Jérémie Renier) et d’une fille de droite (Judith Godrèche). Lorsque Robert tombe malade après avoir été attaqué par les employés en grève, Suzanne, avec la collaboration d’un ancien flirt, le communiste Babin (Gérard Depardieu), et la secrétaire de son mari (Karin Viard), prend les rênes de l’entreprise.
De l’aveu de l’actrice elle-même, faire une comédie avec François Ozon est un cadeau. Et un tel cadeau, si surprenant soit-il, ça ne se refuse pas: "De François Ozon, rien ne me surprend, racontait l’actrice à Toronto. Jacqueline Maillan est une actrice que j’adore, mais je n’ai pas vu la pièce parce que je n’aime pas le boulevard, et je n’ai pas voulu la voir avant de tourner. François l’a beaucoup modernisée, adaptée, y a ajouté un petit côté subversif, des petits éléments qui n’étaient pas dans la pièce."
Ozon souhaitait si ardemment Deneuve dans le rôle qu’il était prêt à mettre fin au projet ou, encore, à attendre 10 ou 20 ans avant de rencontrer sa potiche: "Je ne pouvais imaginer personne d’autre que Catherine dans le rôle", avance le cinéaste, qui l’avait dirigée dans 8 femmes. "Potiche a eu beaucoup de succès en France, mais l’idée n’était pas de trouver une seconde Jacqueline Maillan. Je savais que Catherine allait être très concrète, touchante, et qu’on pourrait éprouver de l’empathie à l’égard de son personnage. Pourriez-vous imaginer une autre actrice dans ce rôle?"
Pour incarner Babin, Ozon avait également jeté son dévolu sur celui avec qui Deneuve forma le couple mythique du Dernier métro de Truffaut: "Je ne pouvais imaginer personne d’autre que Gérard dans ce rôle parce qu’il s’agit d’une ancienne histoire d’amour, je savais que cela marcherait entre eux. Il existe une telle chimie entre eux. Quand on travaille avec des acteurs, on ne pense pas qu’on travaille avec des légendes parce qu’on se soucie du bon fonctionnement des scènes. C’est au montage qu’on se rend compte que c’est merveilleux de les avoir dans le même plan."
"Depuis 25 ans, je tourne assez régulièrement avec Gérard, donc j’ai toujours beaucoup de plaisir à le retrouver parce que c’est un acteur vraiment merveilleux, d’une grande générosité. C’est un partenaire idéal et toutes les actrices qui ont tourné avec lui l’aiment", conclut l’icône du cinéma français.
En salle le 13 mai.