Nicolas Roy / Ce n'est rien : Court circuit
Cinéma

Nicolas Roy / Ce n’est rien : Court circuit

Grâce à son quatrième court métrage, Ce n’est rien, Nicolas Roy part à la conquête du 64e Festival de Cannes. Une Palme d’or avec ça?

Selon la rumeur, Jour sans joie, précédent court métrage de Nicolas Roy (Léo, Novembre), aurait très bien pu se retrouver en compétition officielle du Festival de Cannes. Toutefois, il avait été retenu par le Cannes Short Film Corner où, n’ayant pas l’âme d’un vendeur, Roy n’avait pas cru bon de se pointer le nez.

"Au Short Film Corner, il y a des centaines de courts métrages, dont une centaine de québécois, explique celui qui a notamment signé le montage de Curling de Denis Côté. La SODEC choisit de représenter une douzaine de films (ndlr: sélectionnés par Danny Lennon) et Téléfilm Canada, une quinzaine, Talent tout court (ndlr: programme conçu par Danny Lennon). C’est beau qu’il y ait des courts métrages à Cannes et si je comprends bien, les salles sont pleines, c’est donc dire que les gens sont intéressés à les voir."

N’eût été de l’insistance des productions Voyous Films, Ce n’est rien ne se serait jamais classé parmi les neuf courts métrages retenus en compétition officielle parce que Nicolas Roy ne croyait pas à ses chances, pas plus qu’il n’avait songé à y présenter un court – tout en rêvant d’y voir sélectionner son premier long.

Mettant en scène Martin Dubreuil, Ce n’est rien s’intéresse à la douleur d’un père qui vient de découvrir que sa fille a été victime d’agression sexuelle. À l’instar de sa trilogie sur la mort, l’isolement et la désolation, Ce n’est rien ne semble pas vouloir plaire à tout prix au grand public, bien que déjà une soixantaine d’acheteurs européens potentiels aient démontré leur intérêt le jour de l’annonce de la sélection.

"J’espère que ce qui leur a plu, c’est le côté authentique, sincère. Je ne cherche pas à plaire, je ne fais pas dans le racoleur. Je ne prends pas le spectateur par la main; on ne comprend pas nécessairement la fin, qui est ouverte. C’est le cas pour Ce n’est rien, c’est au spectateur de choisir la fin. Je me répète dangereusement d’un film à l’autre, mais on dirait que dans celui-là, je suis plus posé. Le court métrage, c’est justement pour essayer des affaires parce que personne ne t’attend."

Alors qu’il devient aussi difficile de financer un court qu’un long métrage, Nicolas Roy planche enfin sur son premier long: "Je me rends compte que c’est dur d’écrire un long métrage parce qu’il ne faut pas que ça ait l’air de cinq idées de courts métrages. Ça fait longtemps que j’aurais pu me mettre à écrire un long métrage, à surfer sur des vagues: je suis allé dans de bons festivals, Locarno, Clermont-Ferrand, j’ai été finaliste aux Jutra… Pourtant, ça ne me tentait pas, je faisais autre chose, du montage. J’avais des idées pour une trilogie de courts métrages. On dirait que toutes mes histoires se terminent à 14 minutes 30. Là, je sais que je suis allé au bout."

ooo

Le 64e Festival de Cannes

Si l’on se fie à l’atmosphère qui régnait à Cannes la veille de la soirée d’ouverture, où Woody Allen allait présenter Midnight in Paris (sans Carla Bruni-Sarkozy), le 64e Festival de Cannes sera chaud ou ne sera pas. Il est vrai qu’après la sélection de l’année dernière, qui fut l’une des plus faibles des dernières années, mais où il y avait tout de même de très beaux fleurons (Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, Copie conforme d’Abbas Kiarostami), on ne pouvait espérer autre chose.

Ainsi, comment ne pas se réjouir de retrouver cette année d’éminents membres de la grande famille cannoise tels Nanni Moretti et son Habemus Papam où le vénérable Michel Piccoli incarne le souverain pontife? Et que dire de Pedro Almodovar qui semble s’inspirer des Yeux sans visage de Franju pour nous proposer La Piel que habito où il retrouve Antonio Banderas? Ou encore, de Lars von Trier, autoproclamé meilleur réalisateur du monde l’année d’Antichrist, qui revient avec MelancholiaKirsten Dunst, la Marie-Antoinette de Sofia Coppola, tient le haut de l’affiche?

On trépigne d’impatience à l’idée de découvrir Pater d’Alain Cavalier, Le Havre d’Aki Kaurismäki et, bien sûr, Le gamin au vélo des frères Dardenne, doubles palmés d’or, sans oublier le plus qu’attendu The Tree of Life de Terrence Malick. Et ça, ce n’est qu’une partie des films en compétition…

Oui, il fera chaud à Cannes alors qu’on célébrera le cinéma égyptien, quelques mois après la révolution, et la présence de films de deux réalisateurs iraniens qui ont risqué leur vie pour leur art, Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof. À suivre…

Vivez le Festival de Cannes en direct sur mon blogue Cinémaniaque en cliquant ici !