64e Festival de Cannes : Il était une fois à Cannes
Le 64e Festival de Cannes se terminait dimanche dernier. Figurent au palmarès des évidences et des surprises.
Au dire du président du jury, Robert De Niro, il y aurait eu des débats intenses autour de certains films, parmi lesquels Habemus Papam de Nanni Moretti, Le havre d’Aki Kaurismäki (Prix de la FIPRESCI), Pater d’Alain Cavalier, avec Vincent Lindon, et La piel que habito de Pedro Almodovar, qui devra se contenter du Prix de la jeunesse. Une chose est sûre, la soirée était forte en émotions. La Palme d’or du court métrage a été remise à l’intrigant Cross de l’Ukrainienne Marina Vroda; l’émouvant Maillot de bain 46, du Belge Wannes Destoop, a pour sa part reçu le Prix du jury.
Puis, l’Argentin Pablo Giorgelli s’est vu remettre la Caméra d’or pour son premier long métrage Las Acacias, qui relate l’amitié entre un routier solitaire et une jeune mère. Par la suite, le Prix du jury a échu à Polisse de Maïwenn, incursion dans la Brigade de protection des mineurs dont la sincérité et l’authenticité s’en dégageant rappellent Entre les murs de Laurent Cantet (Palme d’or 2008). La première grande surprise de la soirée fut le Prix du scénario remis à Footnote de Joseph Cedar, sitcom mâtinée de burlesque racontant la rivalité entre un homme et son fils chercheurs universitaires.
Alors que plusieurs voyaient le Prix d’interprétation féminine entre les mains de Tilda Swinton (We Need to Talk About Kevin de Lynne Ramsay), c’est l’interprétation sensible de Kirsten Dunst en jeune mariée dépressive dans Melancholia, de Lars Von Trier (banni du festival pour ses blagues douteuses sur Hitler), dont la sublime beauté aurait pu valoir de grands honneurs à l’enfant terrible du cinéma danois, qui a touché le coeur du jury. Une charmante surprise.
Moins charmante fut celle du Prix de la mise en scène remis à Nicolas Winding Refn pour Drive, film de poursuites automobiles spectaculaires aux effets gore, à l’insupportable trame sonore rappelant trop les années 80 et défendu par le stoïque Ryan Gosling. Une plus grande surprise allait suivre alors que le Prix d’interprétation masculine a été remporté non pas par Michel Piccoli, si émouvant dans Habemus Papam, ni Joey Starr, si ardent dans Polisse, ni Sean Penn, si surprenant dans This Must Be the Place de Paolo Sorrentino (Prix oecuménique), mais bien par le plus qu’expressif Jean Dujardin pour son rôle d’acteur muet sur le déclin dans The Artist de Michel Hazanavicius.
S’est ensuivi un double coup de théâtre lorsque Nuri Bilge Ceylan, pour sa fascinante enquête policière racontée en temps réel, Il était une fois en Anatolie, et Luc et Jean-Pierre Dardenne, pour leur lumineux conte urbain étonnamment optimiste, Le gamin au vélo, ont dû se partager le deuxième prix le plus convoité, soit le Grand Prix du jury.
Enfin, le trop réservé Terrence Malick n’a pu venir récupérer la Palme d’or pour The Tree of Life. Cinquième long métrage en 37 ans de carrière, cette ambitieuse chronique familiale impressionniste, surnommée par certains le 2001 de 2011, méritait certes de se retrouver au sommet du palmarès grâce à la magnificence de ses images lyriques.
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