Festivalissimo : ¡Vamos!
La 16e édition du festival de films ibéro-latino-américains Festivalissimo s’est mise en branle jeudi dernier et se poursuit jusqu’au 5 juin prochain.
C’est avec la projection du film La vida de los peces, du cinéaste chilien Matías Bize, qu’ont officiellement été lancées les festivités de cette 16e édition. Parce qu’ils comptaient sur la présence du jeune réalisateur pour la cérémonie d’ouverture, les organisateurs prévoyaient également lui rendre hommage en présentant deux de ses films phares, Sábado, una pelicula en tiempo real et En la cama, dans le cadre d’une modeste rétrospective. Le cinéaste s’étant malheureusement désisté, c’est sans lui que seront présentés les films.
Malgré tout, deux autres projections de La vida de los peces sont encore prévues. De ce long métrage atmosphérique, lauréat du prix Goya 2011 du meilleur film latino-américain, nous retiendrons sa nostalgie contagieuse, sa réalisation sensible et sa narration minimale passant principalement par les dialogues et la musique. Mention spéciale à Santiago Cabrera, qui porte littéralement le film sur ses épaules.
Avec Post Mortem, oeuvre atypique flirtant avec l’exercice de style, Pablo Larrain nous offre une oeuvre rigoureuse, qui aborde avec lyrisme et beaucoup d’inventivité le passé trouble de la nation chilienne. Présenté en compétition lors du dernier festival de Venise, le film raconte l’histoire d’un fonctionnaire oeuvrant dans une morgue à l’époque du renversement du régime de Salvador Allende. Par l’absurdité et la surenchère, Larrain compose une brillante réflexion métaphorique sur l’incapacité d’une nation à trouver la stabilité politique via le parcours d’un homme condamné à ne pas garder pour lui une danseuse de cabaret dont il est pleinement amoureux.
Même si une autre preuve de la bonne santé du cinéma chilien n’était pas nécessaire, les cinéastes Sebastián Silva et Pedro Peirano (La Nana, 2009) en ajoutent une de taille avec Gatos Viejos, une brillante comédie noire sur la vie d’une femme souffrant de crises de démence qui doit affronter sa fille cocaïnomane, décidée à prendre le contrôle de ses affaires. Grâce à une mise en scène inventive et une utilisation judicieuse du pathos, les cinéastes réussissent à aborder avec justesse et compassion un sujet pour le moins délicat.
Fiction et documentaire
Faisant cette fois écho aux guerres civiles de Colombie, les réalisateurs Jairo Carrillo et Oscar Andrade proposent Pequeñas Voces, un émouvant documentaire d’animation qui rappelle, par son esthétique et son propos, l’incontournable Vals Im Bachir (2008), d’Ari Folman. En plus d’être inspiré par des témoignages d’enfants victimes de la guerre, Pequeñas Voces est également réalisé à partir des dessins de ces mêmes enfants. En embrassant leur point de vue, les cinéastes offrent une oeuvre lumineuse et remplie d’espoir, qui n’en est pas moins traversée de moments cruels et douloureux.
Enfin, nous nous en voudrions d’oublier l’incontournable Los Labios, des Argentins Iván Fund et Santiago Loza, dans lequel est racontée l’histoire de trois femmes appelées par l’État à effectuer des travaux sociaux dans une partie pauvre et reculée du pays. Si nous apprécions les nombreux fragments de documentaire qui traversent la fiction, c’est néanmoins pour l’extrême précision de la mise en scène, la grâce générale des interprétations et la fluidité globale de la réalisation que nous suggérons de voir le film.
Jusqu’au 5 juin
À l’ONF
www.festivalissimo.ca