Festival international du film de Karlovy Vary : La vie Bohême
Cinéma

Festival international du film de Karlovy Vary : La vie Bohême

Au 46e Festival international du film de Karlovy Vary, Roméo Onze d’Ivan Grbovic émeut aux larmes les spectateurs et Sunflower Hour d’Aaron Houston les fait pleurer de rire.

La semaine dernière, alors que les touristes arpentaient tranquillement les rues sinueuses de Karlovy Vary en sirotant de l’eau thermale et en croquant dans de délicieux oplatkys, les festivaliers se faisaient décoiffer par Laurentie de Mathieu Denis et Simon Lavoie. En fin de parcours, le public a eu droit à une autre facette de la réalité québécoise, mais si Laurentie propose une solution radicale au malaise identitaire, l’émouvant Roméo Onze d’Ivan Grbovic, coécrit par la directrice photo Sara Mishara, offre une conclusion bellement teintée d’espoir.

Mettant en scène un jeune Montréalais d’origine libanaise (Ali Ammar, révélation du film), Roméo Onze illustre avec sensibilité comment ce dernier, freiné par un handicap, est déchiré entre le poids des traditions que lui impose son père (impressionnant Joseph Bou Nassar) et ce que lui offre sa terre d’adoption. Avec raison, Roméo Onze a séduit le jury oecuménique qui lui a décerné une mention. "Je voudrais faire un clin d’oeil aux jeunes du monde entier qui se sentent différents: tout est possible, car si moi, je peux réussir, vous aussi le pouvez", a lancé Ammar lors de la remise de prix.

Pour sa part, Sunflower Hour d’Aaron Houston a récolté le prix de la Caméra indépendante. Feu roulant de gags évoquant Christopher Guest, cet hilarant mocumentaire suit le processus d’audition de quatre marionnettistes déjantés souhaitant faire partie d’une émission pour enfants créée par un producteur de films pornos.

Aaron aurait-il voulu se venger de Sesame Street? "J’ai grandi en regardant beaucoup de comédies britanniques, confiait-il lors d’un bref entretien. Dans ma famille, on peut rire de tout, rien n’est tabou. En regardant une émission de marionnettes avec ma fille, j’ai remarqué que le nom du principal marionnettiste était écrit en gros caractères, qu’il avait donc un ego. Moi qui croyais les émissions pour enfants très pures, je me suis dès lors demandé comment étaient vraiment les êtres humains derrière tout ça."

Enfin, Restoration de l’Israélien Joseph Madmony ayant remporté le Globe de cristal, Collaborator de Martin Donovan a tout de même raflé le prix de la FIPRESCI de même que le prix d’interprétation masculine à David Morse. Somme toute, une belle récolte pour notre cinéma.

Les frais du voyage en République tchèque ont été payés par le Festival international du film de Karlovy Vary.