Charles-Olivier Michaud, Mylène St-Sauveur et Nico Archambault / Sur le rythme : Danse dense
Cinéma

Charles-Olivier Michaud, Mylène St-Sauveur et Nico Archambault / Sur le rythme : Danse dense

Rejetant l’aspect racoleur des Honey et autres Step Up, Sur le rythme, de Charles-Olivier Michaud, met en lumière les chorégraphies énergiques de Nico Archambault, qui trouve en Mylène St-Sauveur une fougueuse partenaire.

Il serait étonnant que, suivant la sortie de Sur le rythme de Charles-Olivier Michaud, lauréat du prix du meilleur premier film au Festival Slamdance pour Snow & Ashes (en salle le 9 septembre), une jeune danseuse crie au scandale pour dénoncer que celle que l’on voit danser n’est pas celle que l’on croit. De fait, personne de l’équipe de Sur le rythme n’a voulu faire croire qu’en un mois, à raison de cinq heures par jour, Mylène St-Sauveur s’est transformée en danseuse. D’entrée de jeu, la jeune actrice avoue qu’on la voit dans 80% des scènes, mais que le reste du temps, il s’agit de la danseuse et chorégraphe Wynn Holmes.

"C’est intimidant de se retrouver avec de bons danseurs, raconte Mylène St-Sauveur, mais ç’a été super le fun sur le plateau parce qu’aucun d’eux ne m’a fait sentir à part. Je faisais partie de la gang; c’était motivant parce qu’on m’encourageait. Pour eux, c’était leur première fois sur un plateau de tournage, et pour moi, c’était ma première expérience de danse. On se complétait bien, on s’échangeait des trucs."

Habitué aux caméras grâce à son passage très remarqué à So You Think You Can Dance Canada, Nico Archambault voyait là l’occasion idéale d’adapter son travail de chorégraphe pour la caméra: "Avec Charles-Olivier, on avait ce désir d’être très intimes avec la danse. À certains moments, tu réalises que ce n’est pas seulement une caméra qui vient zoomer; c’est un corps qui tourne autour de toi, un troisième danseur dans la chorégraphie. La caméra peut parfois nuire à un mouvement, l’amoindrir, selon l’angle, mais elle peut aussi le magnifier, l’amplifier. Ça m’inquiétait que Charles-Olivier ne connaisse pas tant que ça la danse. En même temps, je dirais que c’est intéressant d’avoir un oeil extérieur parce que des fois, les gens qui connaissent la danse l’approchent de façon prévisible. Charles-Olivier apportait une fraîcheur, des angles auxquels je n’aurais pas pensé."

Regards et jeux dans l’espace

Globe-trotter, polyglotte, fasciné par le journalisme de guerre, rien chez Charles-Olivier Michaud ne laissait présager qu’il se retrouverait à la barre d’un film sur la danse. De son propre chef, il a jeté son dévolu sur Nico Archambault, car son approche de la danse contemporaine intègre des éléments du hip-hop et du ballet.

"Le film de danse, c’était le prétexte pour faire un film d’action, avoue le réalisateur. Tu ne peux pas faire des gros plans spectaculaires dans un drame ou une comédie. C’est pareil pour l’utilisation de la musique et c’est ce qui me faisait triper. En plus, c’est rare de mettre un art en scène. J’ai vu beaucoup de films de danse et je voulais en faire un qui soit différent. Je voulais aussi plusieurs styles de danse parce que la constante dans les films de danse, c’est de n’en avoir qu’un. Je ne voulais pas que ce soit comme Dirty Dancing ou Step Up, où tout est filmé comme à la télé."

Charles-Olivier Michaud poursuit: "Je trouve ça plate de montrer toute la chorégraphie. C’est l’fun d’approcher les danseurs, de voir ce qu’ils pensent, comment ils respirent, comment ils suent. Ce sont des athlètes et des artistes qui s’expriment avec leur corps. J’ai donc essayé de faire ce que je n’avais pas vu. J’adore la caméra à l’épaule, cela me permet d’aller chercher des moments que normalement, on ne pourrait pas voir."

N’allez donc surtout pas dire que Sur le rythme n’est qu’un Step Up à la sauce québécoise. "On associe beaucoup le film de danse aux Américains, défend avec passion Mylène St-Sauveur. On oublie qu’il s’en fait en Asie: prenez Bollywood, par exemple. Même le hip-hop, qui est américain, se danse en Amérique du Sud. Ce n’est pas une copie de film américain voulant prouver qu’on est aussi capables de faire ce genre de film. On n’a rien à prouver. Comme Nico le dit souvent, la scène montréalaise en danse s’exporte énormément."

Citant White Nights comme l’un des meilleurs films de danse, Nico Archambault conclut: "Je trouve souvent que la danse est mal servie au cinéma. Il y a eu de très bons films, comme Billy Elliot et Black Swan, mais une majorité traite de la danse au premier degré. Ces films montrent le côté glamour de la danse, et moi, en tant que danseur, je ne m’y reconnais pas. J’aime quand il y a une histoire qui se tient et que ça adonne que le moyen d’expression du personnage est la danse."

En salle le 10 août