Sur le rythme : Danse ta vie
Cinéma

Sur le rythme : Danse ta vie

Sur le rythme évite quelques faux pas grâce aux talents combinés de Charles-Olivier Michaud et de Nico Archambault.

Qui n’aurait pas souhaité que le premier film de danse québécois évoque spontanément le ravissant Billy Elliot plutôt que la franchise racoleuse Step Up? Hélas! Reposant sur le scénario bancal, simpliste et archi-prévisible de la productrice Caroline Héroux (À vos marques, party! 1 et 2), Sur le rythme ressasse en mode édulcoré les clichés propres au genre en ratant l’occasion d’offrir une crédible peinture du milieu de la danse.

Heureusement, on trouve du talent à revendre derrière et devant la caméra. Ainsi, à la réalisation, Charles-Olivier Michaud, secondé par le directeur photo Jean-François Lord et le monteur Éric Genois, injecte du nerf à l’ensemble par sa façon organique de filmer la danse, morcelant les corps, isolant les mouvements, se rapprochant audacieusement des danseurs.

Doté d’un charisme fou et d’un physique plus qu’enviable, Nico Archambault élève pour sa part le niveau de Sur le rythme grâce à ses chorégraphies dynamitées, cosignées avec Wynn Holmes et bien servies par la musique enlevante de Mario Sévigny, qui donnent envie d’entrer dans la danse. À le voir évoluer avec autant d’aisance devant la caméra, misant sur les tensions et le déséquilibre des corps, déconstruisant comme pas un la gestuelle des bras, il y a fort à parier qu’il aurait plu à Bob Fosse, lui qui aimait tant déstructurer le mouvement naturel.

Aux prises avec un rôle trop lisse de fille de bonne famille déterminée à devenir danseuse malgré le désaccord de ses parents (effacé Paul Doucet, risible Marina Orsini), Mylène St-Sauveur s’impose malgré tout avec sincérité et aplomb. En dehors de ses duos avec Archambault, elle n’a toutefois que les scènes avec France Castel, lumineuse en mamie littéralement confinée à cultiver son jardin, où elle peut compter sur une réelle présence à ses côtés.

Certes, il existe un talent fou en danse au Québec, et l’idée que celui-ci soit exploité au cinéma ne peut que nous réjouir – d’autant plus si cela amène de nouveaux spectateurs à découvrir nos chorégraphes. Toutefois, ce n’est pas en faisant fi de l’intelligence des amateurs de films de danse qu’il faudra que cela se produise.

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Center Stage de Nicholas Hytner, Save the Last Dance de Thomas Carter, Flashdance d’Adrian Lyne