Joel Fendelman et Muatasem Mishal / David : Des dieux et des gamins
En compétition au 35e FFM, David, de Joel Fendelman, porte sur l’amitié entre jeunes issus des communautés musulmane et juive.
Lorsque Daud, garçon musulman, se lie d’amitié avec un groupe de jeunes juifs orthodoxes qui pensent que son nom est David (d’où le titre du film), il découvre que malgré leurs différences, ils sont au bout du compte plutôt semblables.
"C’est formidable, nous avons tant en commun, avance le scénariste et réalisateur Joel Fendelman. Les choses qui nous séparent ne sont pas si réelles; ce ne sont que des affaires politiques, des trucs d’adultes. Elles ne sont pas imprégnées dans notre humanité, ce ne sont que des choses que nous inventons."
Avant David, Fendelman a tourné Daud, un court métrage traitant sensiblement des mêmes thèmes et mettant aussi en vedette le petit Muatasem Mishal: "C’était une chance de travailler avec lui, de voir ses réactions et comment il paraissait à la caméra."
Investissant ses propres économies afin de ne pas avoir à attendre du financement, le cinéaste est ensuite rapidement passé à l’étape du long: "Je voulais vraiment tourner le film durant l’été 2010, car les jeunes changent beaucoup en une année. Si nous ne l’avions pas fait à ce moment-là, Muatasem aurait atteint la puberté et perdu l’air innocent d’un garçon de 11 ans."
À l’exception notable de Maz Jobrani, qui incarne le papa imam de Daud, et de quelques autres, la plupart des acteurs de David sont non professionnels, dont Mishal, émouvant et étonnamment nuancé. Bien qu’ayant tourné un court métrage avec le réalisateur, il y avait tout de même un certain défi à relever.
"Avec les adultes, on peut parler de façon plus intellectuelle, mais avec les jeunes, c’est beaucoup plus au pied de la lettre, comme s’il fallait presque tout leur expliquer, confie Fendelman. Parfois, il faut vraiment leur dire: "Hé, assis-toi ici, tiens-toi ici, tu dois ressentir ce genre d’émotion…" Sinon, ils ne font que courir et s’amuser jusqu’à ce qu’on dise: "Viens ici, on a un film à tourner!""
Le fait de travailler avec ce qu’il appelle un micro-budget n’a pas empêché Fendelman de tourner plusieurs scènes extérieures et scènes de foule, faisant pratiquement de New York un personnage à part entière: "Ça m’a valu bien des cheveux gris! Je ne changerais rien au film pour quoi que ce soit, mais si j’avais fait un autre film avec si peu d’argent, je n’aurais pas pu le faire avec autant de lieux et d’acteurs."
Afin d’y arriver, il a souvent dû tourner dans de vrais lieux avec du vrai monde, ce qu’il décrit comme du cinéma-guérilla: "On emmenait les jeunes et on les faisait jouer dans un environnement réel, se souvient le réalisateur. C’est un peu comme une approche documentaire. Le budget ne nous permettait pas de fermer des lieux et d’engager des figurants, mais cela a ajouté au style du film."
Tant devant que derrière la caméra, les communautés musulmane et juive orthodoxe de Brooklyn ont beaucoup aidé à la réalisation de David. Et si l’on se fie aux commentaires récoltés jusqu’à maintenant, l’appel de Fendelman à l’ouverture d’esprit et à la tolérance a été bien accueilli chez les uns et les autres.
"On a tenu une projection privée. Une moitié du public était musulmane, l’autre, juive; il y avait des hommes avec des chapeaux noirs et des femmes en hijab. On a regardé le film ensemble. La plupart ont accepté le film, le trouvant juste et authentique."
Un film ne peut changer le monde, mais il peut faire du bien, une personne à la fois. Fendelman raconte comment Binyomin Shtaynberger, qui interprète l’un des garçons juifs, était nerveux de travailler avec un jeune musulman: "Et puis il a dit: "Quand j’ai rencontré Muastasem, j’ai compris que nous n’étions pas si différents. Et maintenant, nous sommes amis Facebook!""
Le 19 août, au Théâtre Maisonneuve
Le 21 août, au Cinéma Impérial
www.ffm-montreal.org