Festival de cinéma de la ville de Québec : Première séance
Misant sur des valeurs sûres et prenant des paris plus risqués, le tout nouveau Festival de cinéma de la ville de Québec frappe fort dès sa première édition.
C’est la saison des festivals de cinéma un peu partout sur la planète, et cette année, la capitale nationale ne sera pas en reste, gracieuseté du nouveau Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ). Né de la grande volonté et du travail acharné de trois passionnés, Marie-Christine Laflamme, Christopher Lemonnier et Olivier Bilodeau, le FCVQ entend offrir aux cinéphiles d’ici la possibilité de jeter un regard autant sur les oeuvres de cinéastes reconnus avant leur sortie en salle que sur d’autres films qui échappent normalement aux circuits de distribution conventionnels. Tour d’horizon des différentes sections présentées.
Section Prestige: le festival des festivals
Le FCVQ a réussi à mettre la main sur deux grosses sorties de l’automne du cinéma québécois et, qui plus est, deux oeuvres tout juste présentées à la Mostra de Venise. C’est donc au nouveau film de Jean-Marc Vallée que revient l’honneur d’ouvrir le festival le 21 septembre. Mettant en vedette Vanessa Paradis, Kevin Parent et Hélène Florent, Café de Flore raconte, en parallèle, deux histoires d’amour avec comme toile de fond le Paris des années 1960 et le Montréal contemporain. Quant à Marécages, autre film dont on entend beaucoup de bien, il a reçu l’honneur d’une longue ovation après sa projection à Venise. Ce premier long métrage du réalisateur Guy Édoin, qui dirige ici Pascale Bussières et Luc Picard, raconte les conflits naissant entre les membres d’une famille propriétaire d’une ferme en Estrie lors d’une sécheresse.
Même accueil enthousiaste pour Hasta la vista, du Belge Geoffrey Enthoven, mais cette fois au Festival des films du monde de Montréal il y a quelques semaines. Cette odyssée hors de l’ordinaire de trois handicapés physiques est même repartie bardée de trois récompenses, dont celle du Grand Prix des Amériques.
Aki Kaurismaki, un autre habitué des festivals, présentera quant à lui Le havre, qui était en compétition à Cannes en mai. Faisant une entorse à ses habitudes, le réalisateur finlandais plante son univers décalé dans le nord de la France, où un vieux cireur se fait le protecteur d’un jeune réfugié africain.
Lui aussi présenté à Cannes, Restless de Gus Van Sant raconte une histoire d’amour, qu’on devine singulière (c’est Van Sant, après tout!), entre un jeune homme éprouvé par la vie (Henry Hopper, fils de Dennis) et une jeune cancéreuse (Mia Wasikowska, l’Alice de Tim Burton).
Expériences: vers le hors-norme
Petite consolation pour les amateurs qui n’ont pu profiter du toujours délicieux Fantasia cet été: le FCVQ a donné carte blanche aux organisateurs du déjanté festival montréalais pour présenter quelques oeuvres qui ont fait (sans doute!) hurler les spectateurs. Une belle occasion de voir le film belge Rundskop, où un éleveur pas très net et à la carrure bovine se trouve happé par une sombre histoire de trafic d’hormones de croissance. Avec la Flandre comme décor, ça promet!
Dans un autre registre, mais aussi présenté à Fantasia, Art/Crime de Frédérick Maheux s’intéresse au cas étrange mais bien réel de Rémy Couture, spécialiste d’effets spéciaux et de maquillages accusé de corruption des moeurs pour diffusion de matériel obscène via son site Internet. Avec ses mises en scène macabres et très (trop?) réalistes, le travail de Couture s’avère un beau dilemme de liberté d’expression.
Jean Leloup et Philippe Katerine, deux chanteurs qui ont ceci en commun qu’ils refusent le conventionnel… et qu’ils aiment le cinéma! Difficile de savoir ce que donnera le Karaoke Dream de l’imprévisible Leloup. Par contre, Thierry Jousse propose avec Je suis un no man’s land un monde bien proche de la fantaisie à laquelle Katerine nous a habitués depuis quelques années. Ici, il entre dans la peau de Philippe, un chanteur pris au piège chez ses parents et littéralement incapable de quitter son village natal, mais qui trouve le moyen de rencontrer la femme de sa vie (Julie Depardieu).
Découverte: le cinéma du réel
La vraie leçon de cinéma de ce festival viendra sans aucun doute du réalisateur Jafar Panahi avec son oeuvre subversive au titre paradoxal Ceci n’est pas un film. Après qu’on lui eut interdit de pratiquer sa profession pour avoir participé aux manifestations contre le pouvoir iranien en 2009, Panahi a demandé à son collègue Mojtaba Mirtahmasb de le filmer chez lui, alors qu’il se prépare pour une hypothétique mise en scène. Ce pied de nez politique et artistique devait finalement aboutir en douce au dernier Festival de Cannes sur une clé USB. L’exemple parfait du cinéma engagé.
Du 21 septembre au 2 octobre
En divers lieux
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Programmation complète sur www.fcvq.ca