Cinemania : Bons baisers de France
La 17e édition du Festival de films francophones Cinemania débute avec éclat grâce à la présence de Maïwenn et de son extraordinaire Polisse.
Comme dans Le bal des actrices, son charmant faux documentaire en forme de comédie musicale, l’actrice, scénariste et réalisatrice Maïwenn se cache derrière une caméra dans Polisse. De fait, elle y incarne une photographe engagée par le ministère de l’Intérieur pour créer un livre sur la Brigade de protection des mineurs (BPM) qui tombera dans l’oeil d’un policier écorché vif (Joeystarr). En haut de l’affiche se retrouvent des acteurs de talent, parmi lesquels Karin Viard, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Carole Rocher et Sandrine Kiberlain. De son propre avis, Maïwenn ne comprend plus pourquoi elle a écrit ce rôle pour elle.
"Je ne me voyais pas jouer une policière, racontait-elle à la conférence de presse suivant la projection de Polisse au Festival de Cannes, où le film allait remporter le Prix du jury quelques jours plus tard. J’avais envie d’un rôle proche du réel, mais j’ai trouvé dur de tourner. Je suis une erreur de casting; je n’aurais pas dû jouer. Je voulais raconter une histoire d’amour entre deux milieux opposés. Ce n’est pas une métaphore de ce que je suis; mon personnage a du mal, il est malheureux. Je me demande vraiment pourquoi je l’ai fait."
Si elle semble regretter son rôle, devant l’accueil chaleureux que la presse a réservé à son film, Maïwenn ne pourra plus douter de la qualité de celui-ci, pas plus que de la pertinence d’avoir été sélectionnée en compétition. Inspirée par Police de Maurice Pialat et par de nombreux documentaires sur le sujet, Maïwenn affirmait avoir été séduite, lors de son immersion dans la police, par la passion des policiers de la BPM pour leur métier: "Ces gens ont construit des paramètres pour se protéger. La BPM est la brigade la moins médiatisée et la moins financée; je trouve incroyable qu’elle soit traitée ainsi."
Entre les interrogatoires, les policiers aiment échanger sur leur sujet de prédilection: le sexe. Actrice et coscénariste du film, Emmanuelle Bercot a expliqué ainsi les deux niveaux de langage de Polisse: "Il y a deux univers: celui du travail et celui de la vie privée. Entre eux, les policiers s’expriment de façon crue. Je n’ai pas fait d’immersion comme Maïwenn, mais elle a remarqué qu’ils parlaient beaucoup de cul, qu’ils décompressaient de quelque chose auquel ils étaient confrontés. Comme on ne peut pas être approximatif pour les interrogatoires, on a pu lire les procès-verbaux pour retranscrire fidèlement les interrogatoires des enfants."
Enfin, à propos des enfants, Maïwenn, qui rencontrera les spectateurs le 5 novembre, a révélé ceci: "Je cherchais parmi les enfants acteurs, faisais du casting sauvage. Je les recevais, leur parlais pour voir s’ils étaient à l’aise avec le sujet. Ce qui les motivait, c’est qu’il s’agissait d’histoires vraies. Cette solidarité enfantine m’a frappée." Un film bouleversant, authentique et sincère à voir les 3 et 4 novembre.
EN VRAC
Une vie meilleure de Cédric Kahn
Sa copine (Leïla Bekhti) étant allée chercher du travail au Québec, un cuisinier endetté (Guillaume Canet)élève le fils de cette dernière. Émouvant portrait d’un homme tentant de se reconstruire, ce drame social distille une mélancolie légèrement teintée d’espoir. (4 et 8 nov., en présence du réalisateur)
Ma part du gâteau de Cédric Klapisch
Une ouvrière de Dunkerque (Karin Viard) ayant perdu son emploi tente sa chance à Paris, où elle devient la femme de ménage d’un riche et charmant trader (Gilles Lellouche). Viard s’éclate grandement en mère courage dans cette comédie légère à caractère social (5 et 7 nov., en présence du réalisateur, qui animera une classe de maître le 6 nov.) En complément de programme, la Cinémathèque québécoise accueille le cinéaste qui y présente trois incontournables de sa filmographie: Le péril jeune (4 nov.), Un air de famille (5 nov.), et Ni pour, ni contre (bien au contraire) (6 nov.).
Un heureux événement de Rémi Bezançon
Adaptation du roman autobiographique d’Éliette Abécassis, cette comédie dramatique illustre comment la venue d’un enfant peut ruiner graduellement le quotidien d’un couple amoureux (Louise Bourgoin et Pio Marmaï). Une bouffée de fraîcheur aux confondants accents de vérité. (12 et 13 nov., en présence de Louise Bourgoin)
Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian
Après avoir été agressé et volé avec sa femme (Ariane Ascaride) et ses amis (Gérard Meylan et Marilyne Canto), un ouvrier syndicaliste préretraité constate avec désarroi que l’un des malfrats est un jeune collègue licencié (Grégoire Leprince-Ringuet). Une vibrante peinture sociale dont le dénouement se révèle toutefois cousu de fil blanc. (13 nov., film de clôture)