Hugo : La boîte à images
Cinéma

Hugo : La boîte à images

Dans Hugo, son premier film pour tous, le grand Martin Scorsese rend hommage au génie de Méliès.

Quelques semaines avant que les cinéphiles découvrent The Artist, magnifique lettre d’amour de Michel Hazanavicius au cinéma hollywoodien des années 20, ceux-ci pourront admirer le merveilleux hommage de Martin Scorsese au père des effets spéciaux, Georges Méliès (Ben Kingsley, impeccable). Toutefois, avant de succomber aux splendides images faisant revivre en 3D la magie du génie de Méliès, ils en seront quittes pour le récit d’un jeune orphelin, Hugo Cabret (Asa Butterfield, juste), à qui son papa horloger (Jude Law) a légué un mystérieux automate.

Adaptation du roman The Invention of Hugo Cabret de Brian Selznick (prix Randolph-Caldecott du meilleur livre illustré pour enfants), scénarisé par John Logan (The Aviator), Hugo prend bien son temps pour démarrer. Ainsi, à l’aide d’amples et fluides mouvements de caméra, parfaitement servis par le montage de Thelma Schoonmaker, Scorsese nous offre une visite de la gare Saint-Lazare des années 30, endroit que connaît par coeur Hugo qui y vit clandestinement. La direction artistique y est époustouflante et le Paris fantasmé par le réalisateur new-yorkais, d’un irrésistible charme suranné.

Parmi la faune colorée, où l’on retrouve notamment le légendaire Christopher Lee en libraire bienveillant, se distingue un inspecteur zélé (Sacha Baron Cohen, loufoque) qui n’a en tête que de coffrer tous les orphelins qu’il trouve sur son chemin. Chaque fois qu’il entre en scène, s’ensuit une course folle, laquelle freine immanquablement le récit, pourtant pas si complexe. Un peu plus tard, Scorsese se paye le grand luxe d’un déraillement de train. Si spectaculaire et surprenante que soit la scène, là encore, on trépigne d’impatience en attendant que l’intrigue prenne enfin son essor.

La véritable magie apparaît lorsqu’Hugo et sa compagne d’aventures Isabelle (Chloë Grace Moretz, gracieuse) mettent la main sur le livre d’un restaurateur fou de Méliès (Michael Stuhlbarg). Dès lors, défilent des extraits de chefs-d’oeuvre et films marquants de l’époque du muet, des courts des frères Lumière aux fresques de Griffith.

Tandis que Scorsese donne un second souffle au Voyage dans la Lune, s’engage un émouvant dialogue entre deux géants du grand écran où se dégagent l’apport considérable au septième de Méliès, génie oublié après la Première Guerre mondiale, et la ferveur à préserver les films de Scorsese, fondateur de la World Cinema Foundation. Une fabuleuse leçon de cinéma.