Poulet aux prunes : Les mélodies persanes
Cinéma

Poulet aux prunes : Les mélodies persanes

Film de clôture du FFO, Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, nous fait voyager dans le Téhéran de 1958 sur les traces d’un grand musicien.

Quatre ans après avoir fait une incursion remarquée dans le milieu du cinéma, les bédéistes Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, lauréats du Prix du jury à Cannes pour le film d’animation Persepolis, sont de retour avec un film tourné en studio, dans la tradition des films hollywoodiens des années 50, avec de vrais acteurs.

L’adaptation cinématographique de Poulet aux prunes, une BD de Satrapi inspirée du destin tragique de son grand-oncle (frère du révolutionnaire dans Persepolis), met en vedette Mathieu Amalric dans le rôle d’un violoniste qui décide de mourir après avoir croisé son grand amour de jeunesse (Golshifteh Farahani).

"C’est une histoire d’amour impossible; lorsqu’une histoire d’amour n’est pas impossible, ce n’est pas une histoire d’amour, raconte la réalisatrice. Pour moi, le tournant du récit, c’est lorsque le musicien comprend qu’il a consacré sa vie à jouer pour quelqu’un qui l’a oublié, une femme qui prétend ne pas le connaître. C’est vraiment la fin pour lui."

Empruntant aux mélos à la Douglas Sirk, Poulet aux prunes possède des accents fantaisistes, des éléments ludiques et des clins d’oeil felliniens. "Au début du récit, le musicien n’est pas sympathique, n’aime pas ses enfants; à la fin, il n’aura pas changé. C’est l’histoire d’un homme dépressif qui décide de mourir. Il n’y a rien de plus ennuyant qu’un tel homme! Tout l’enjeu du film consistait à rendre cet homme intéressant pendant une heure et demie."

Quelques modifications ont été apportées pour les besoins de l’adaptation. Ainsi, le târ, instrument traditionnel persan de taille imposante, est devenu un violon, et certains noms ont été simplifiés pour l’oreille occidentale. Aussi, alors que dans la BD, Marjane Satrapi assure la narration, au grand écran, il s’agit de l’ange de la mort, qu’interprète Édouard Baer.

"Pour moi, c’était un choix évident. Édouard possède une belle voix, nonchalante, suave et extrêmement littéraire. Il aime blaguer tout le temps et c’est ainsi que je voulais que soit l’ange de la mort. Je suis complètement obsédée par l’idée de la mort, que j’imagine en vieil homme en colère. J’espère qu’à ma mort, elle aura l’allure d’Édouard Baer et qu’elle me donnera une chance, car qu’on le veuille ou non, la mort s’en vient! "

Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.