J’espère que tu vas bien : Un beau dimanche
David La Haye, Marie-Chantal Perron et Jay Tremblay ont relevé le pari fou de tourner un long métrage improvisé en un seul plan-séquence, J’espère que tu vas bien.
Lorsque David La Haye et Marie-Chantal Perron se sont donné rendez-vous le dimanche de Pâques, près du métro Mont-Royal, pour improviser une fiction où ils allaient piger allègrement dans leur passé, il y avait presque 10 ans que les deux amis ne s’étaient réellement parlé. Chacun de son côté avait créé son personnage, sans en glisser un mot au réalisateur Jay Tremblay qui devait les accompagner, armé de sa Steadicam, dans les rues du Plateau.
"C’est rare de voir des projets où les artistes mettent leur propre visage pour jouer des gens qui sont dans le trouble, explique Tremblay. C’est ce qui m’a surpris pendant que je les filmais et que je n’avais aucune idée de ce qu’ils allaient faire."
Ex-membre de la LNI, Marie-Chantal Perron était très heureuse de pouvoir renouer avec l’improvisation, même si l’exercice lui faisait quelque peu peur: "Je me disais que c’était techniquement impossible; aussi, je trouvais périlleux de réussir une improvisation d’une heure et demie qui se tienne du début à la fin… ce n’est pas pour rien que les scénaristes existent! En ayant gardé chacun nos secrets, David et moi étions tellement dans l’écoute que je me rends compte à quel point, dans le jeu d’acteur, l’instant présent apporte une facilité d’ouverture sur l’émotion. C’était formidable!"
Instigateur du projet, David La Haye renchérit: "On écoute l’autre avec le corps et c’est ce qui m’a surpris. Lorsque mon personnage a révélé un lourd secret, j’ai senti l’émotion monter en moi en dix secondes alors que deux secondes avant, on "jokait", on riait. C’était une improvisation à trois parce qu’on ne savait pas quand Jay allait faire un gros plan sur Marie-Chantal ou sur moi, s’il allait comprendre quand on voulait avancer."
Ayant dû repousser le projet à deux reprises en raison du temps, le trio devait compter sur la complicité des passants pour que le tout se déroule bien: "Dès que les gens aperçoivent une caméra, affirme Jay Tremblay, ils sont intimidés. En nous voyant, les gens se tassaient. Parfois, ils regardaient, mais ça "fittait" puisque ça pouvait être comme des gens reconnaissant les acteurs."
Malgré la légèreté du ton, plusieurs thèmes graves, telles la solitude urbaine, la maladie mentale et la violence conjugale, sont abordés par les deux joyeux compères: "C’est bien qu’on l’ait fait parce qu’on n’aurait pas pu se contenter de relater des anecdotes de partys des années 90", lance Marie-Chantal Perron.
"Le rôle du cinéma indépendant, avance le réalisateur, ce n’est pas nécessairement de séduire le public avec des comédies policières, c’est de déstabiliser, de créer des émotions plus complexes."
"Depuis quatre ou cinq ans, je voulais faire un scénario intitulé L’insoutenable légèreté de paraître sur les relations amicales, le vrai et le faux. Je savais donc que je voulais parler de l’amitié, de deux chums qui se revoient. Quand on l’a fait, c’était très ludique, mais c’est vrai qu’on a touché à des thèmes graves. Cela dit, je ne crois pas que ce soit un film dark et lourd", conclut David La Haye.
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J’espère que tu vas bien
Alors qu’elle se rend chez un ami, Minou (Marie-Chantal Perron, pétulante) croise Dave (David La Haye, émouvant), confrère acteur qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans, qui lui révèle être devenu itinérant. Réflexion douce-amère sur l’amour et l’amitié, cette modeste mais efficace réalisation de Jay Tremblay et David La Haye séduit par sa proposition: improvisation mixte tournée en un plan-séquence. Qui plus est, la complicité des acteurs est si palpable que l’on aurait envie de les suivre longtemps dans les rues de Montréal. Le hic, c’est que le tristounet portrait de la génération X qu’ils livrent à travers leurs propos, tantôt amusants, tantôt bouleversants, tombe trop souvent dans la facilité et la répétition – il est vrai que Dave est amnésique… Prêtant sa voix au conjoint de Minou, Richard Robitaille crée l’effroi au coeur de ce sympathique badinage.
Je viens de voir ce film au Cinéma Outremont et ai trouvé la démarche très intéressante et rafraîchissante. Je suis cependant d’accord avec le commentaire ci-dessus par rapport aux répétitions…Mais ce que j’ai trouvé le plus regrettable (à moins que ce ne soit un test pour juger de la vigilance du spectateur…) est la faute de grammaire dans les premiers mots qui s’affichent au début du film. Quelle que soit la citation d’origine de Nietzsche, traduire par « John et moi SONT…. » est une erreur ! Attention, par pitié….