Pedro Ruiz / Philémon Chante Habana / Festival des films du monde de Montréal : Philémon chante, Pedro documente
Cinéma

Pedro Ruiz / Philémon Chante Habana / Festival des films du monde de Montréal : Philémon chante, Pedro documente

Avec son oeuvre mi-road movie, mi-documentaire Philémon Chante Habana, présentée en première mondiale au FFM, le réalisateur et photographe Pedro Ruiz balaie l’objectivité au profit de la véracité et de la poésie.

Une amusante dichotomie habite Pedro Ruiz. De jour, il est photographe pour des publications aussi rigoureuses que Le Devoir. Le soir venu, l’homme à la caméra devient autant poète que chasseur de monstres. C’est du moins ainsi qu’il qualifie son travail sur La dérive douce d’un enfant de Petit-Goâve et Animal tropical à Montréal, ses précédents documentaires portant, respectivement, sur les auteurs Dany Laferrière et Pedro Juan Gutiérrez. "Je lis beaucoup et j’ai dévoré leurs oeuvres. Tourner avec eux, c’était comme se retrouver finalement devant le monstre", note-t-il. "Avec Philémon, par contre, c’était différent. C’était plus relaxe!" ajoute-t-il avant de rigoler.

Tourné lors de deux périples au Mexique et à La Havane, Philémon Chante Habana se veut un retour aux sources pour le chanteur du même nom qui, en 2009, paquetait guitare et spleen pour enregistrer des chansons à Cuba. De retour à La Havane, son compact Les sessions cubaines sous le bras, l’auteur-compositeur-interprète raconte la création dudit disque et requinque ses relations avec des musiciens recrutés pour ce projet presque aussi inusité que la production du documentaire.

Alors que Ruiz a l’habitude de signer scénario et storyboard avant de se lancer dans les tournages de ses films, il ne s’est mis à l’oeuvre qu’une fois dans l’autobus menant les compères de Montréal au Mexique. "Comme on ne pouvait pas vraiment prévoir les lieux de tournage ni le contenu des entrevues, je me suis contenté d’accompagner Philémon dans son parcours. Je crois que ça a fait en sorte que nous étions plus "allumés" lors du tournage, n’étant aucunement disposés à y faire face d’avance."

Réalisé avec une poignée de dollars et sans subvention, le projet se veut aussi, Ruiz ne le cache pas, une profession de foi dans le "fais-le toi-même". "On dormait presque à la belle étoile!" lance-t-il en revenant sur les aléas du tournage. "Il y a tellement de gens talentueux à Montréal, mais peu se risquent, ils préfèrent attendre l’argent de l’État", déplorera-t-il par la suite.

L’élan de Philémon

Cette volonté de tourner sans filet et sans moyens proviendrait, selon Ruiz, du sujet même du documentaire. "Ce qui me fascine chez Philémon, c’est son élan: s’élancer à La Havane pour enregistrer un disque avec les moyens du bord, revenir ensuite cogner aux portes des labels. C’est irresponsable, bien sûr, mais c’est aussi une belle folie. Il faut vraiment y croire!" confie-t-il avant de repousser du même coup la définition académique du documentaire: "Je ne crois pas à l’objectivité, tonne-t-il. Je lui préfère la véracité et la poésie."

Le 28 août, à 21h, à l’ONF
Le 29 août, à 15h, à l’ONF
www.ffm-montreal.org