26 lettres et un philosophe : T pour tiédasse
La réalisatrice Suzy Cohen et René Schérer réinventent le quotidien de A à Z avec 26 lettres et un philosophe.
L’idée est aussi intéressante qu’inusitée – imager un abécédaire philosophique proposé par le philosophe français René Schérer -, mais ne lève malheureusement pas dans 26 lettres et un philosophe, documentaire de la cinéaste Suzy Cohen (Ma soeur, mon amour). La prémisse, elle, demeure simple: chaque lettre de l’alphabet est associée à un mot tiré du quotidien ("c" pour "cul", "p" pour "pétrole"; des mots utilisés par la plèbe, bien sûr, mais aussi exploités à outrance par d’autres penseurs auparavant), puis associé à une réflexion philosophique de son cru. Bien que M. Schérer, frère cadet d’Éric Rohmer, soit un érudit fascinant ainsi qu’un vulgarisateur efficace, ses envolées et son bagout dépendent ici d’une oeuvre cinématographique souffrant d’une réalisation douloureusement anémique où les plans fixes du philosophe sont accompagnés d’intertitres, de croquis de paysages, d’interludes musicaux et d’images du quotidien parisien reliés par un montage franchement ronflant. En fait, hormis la durée de l’ensemble et la richesse de son contenu (ce dernier point sauvant la donne), 26 lettres et un philosophe s’apparente davantage à un livre audio mis en images, voire à un document réalisé pour l’université à distance, qu’à un long métrage ou au septième art en tant que tel.
Au Cinéma Beaubien dès le 21 septembre