Festival du nouveau cinéma : Survol de la semaine 2
Le 41e Festival du nouveau cinéma se poursuit en beauté jusqu’au 21 octobre. Quelques suggestions pour clore les festivités.
Dans la maison
de François Ozon
Inspirée librement du Garçon du dernier rang, pièce de Juan Mayorga, cette hilarante réflexion sur la création, l’éducation et le voyeurisme met en scène le prodigieux nouveau venu Ernst Umhauer dans le rôle d’un lycéen qui fait pénétrer un couple bourgeois, son professeur et sa femme galeriste (Fabrice Luchini et Kristin Scott Thomas), dans le quotidien d’un couple de la classe moyenne (Emmanuelle Seigner et Denis Ménochet) à travers ses compositions françaises. Délicieusement pervers… (18 oct.)
Tous cobayes?
de Jean-Paul Jaud
Narré par Philippe Torreton, ce percutant et bouleversant documentaire du réalisateur de Nos enfants nous accuseront se base sur l’essai-choc de Gilles-Éric Séralini portant sur les OGM et l’énergie nucléaire. Comportant des passages émouvants sur la réalité des agriculteurs, premières victimes des OGM, et sur le sort des victimes de Tchernobyl et de Fukushima, ce film richement documenté risque d’en ébranler plus d’un avec tout ce qu’il dévoile sur nos habitudes de vie. À couper l’appétit. (18 et 21 oct.)
Au-delà des collines
de Cristian Mungiu
Une jeune fille éprise de Dieu (Cosmina Stratan, sensible) tente de protéger son amie (Cristina Flutur, fiévreuse), qui n’accepte pas d’être supplantée par cet amour divin, des mains du pope tyrannique à la tête de leur petite communauté religieuse. Lent, austère et glacial, ce drame dérangeant se termine sur une note aussi inattendue que réjouissante qui bouscule l’ordre établi depuis le début. Une histoire d’amour tragique saluée du prix du scénario et d’un double prix d’interprétation féminine à Cannes. (19 oct.)
Camille redouble
de Noémie Lvovsky
S’étant évanouie peu après avoir été larguée par l’amour de sa vie (Samir Guesmi), une quadragénaire (Noémie Lvovsky) reprend conscience pour revivre son adolescence. Charmant voyage dans les années 80 ne carburant pas à la nostalgie bébête, cette comédie dramatique de la réalisatrice de Faut que ça danse! ne se démarque certes pas par sa mise en scène, mais propose une réflexion douce-amère sur le destin qui donne (presque!) envie de revivre sa jeunesse. Yolande Moreau, Michel Vuillermoz et Denis Podalydès y font leur petit tour. (20 et 21 oct.)
Paradis: Amour
d’Ulrich Seidl
La chair est triste chez le réalisateur d’Import export qui livre dans ce premier volet de sa trilogie Amour, Foi, Espoir une illustration crue et frontale du tourisme sexuel à travers la quête d’amour sur les plages kenyanes d’une quinquagénaire enrobée (Margarete Tiesel, d’une grande justesse). Film-choc s’il en est, Paradis: Amour perd de sa force au dernier acte à force d’enchaîner les scènes où les sugar mamas et les beachboys s’enfoncent dans l’humiliation. (21 oct.)
The Land of Hope
de Sion Sono
Film racontant sobrement les lendemains de la tragédie de Fukushima, The Land of Hope surprendra les fervents admirateurs du réalisateur de Guilty of Romance. De fait, le flamboyant cinéaste japonais illustre cette "guerre invisible" à l’aide d’un rythme lent, de couleurs désaturées et d’images apocalyptiques étrangement apaisantes afin de donner à cette tragique page récente d’histoire une véracité documentaire qui l’honore. (21 oct.)