A Late Quartet / Christopher Walken et Yaron Zilberman : Les violons de l'automne
Cinéma

A Late Quartet / Christopher Walken et Yaron Zilberman : Les violons de l’automne

Dans l’émouvant A Late Quartet, de Yaron Zilberman, Christopher Walken fait montre d’une rare vulnérabilité en musicien frappé par la maladie.

S’étant fait connaître il y a quelques années avec Watermarks, documentaire sur une équipe de nageuses juives viennoises des années 1930, Yaron Zilberman s’est inspiré du Quatuor à cordes, opus 131 en ut mineur de Beethoven pour signer un modeste mais non moins touchant récit sur la vieillesse.

"Mon plus grand défi était de diriger des acteurs, racontait Zilberman, rencontré au Festival international du film de Toronto. Pour cela, je me suis servi de ce que le documentaire m’a appris. Plutôt que de forcer le moment, je tentais de le saisir en filmant les acteurs comme s’ils étaient de vraies personnes et non des personnages."

A Late Quartet met en scène un quatuor à cordes, incarné par Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Mark Ivanir et Christopher Walken. Sur le point de fêter ses 25 ans en jouant l’opus 131 en ut mineur, lequel a la particularité d’être interprété attacca (sans interruption), l’ensemble est ébranlé lorsque le violoncelliste (Walken) se découvre atteint d’une maladie dégénérative. Alors que la violiste (Keener) et le premier violon (Hoffman) voient leur couple battre de l’aile, leur fille violoncelliste (Imogen Poots) tourne autour du second violon (Ivanir).

"Je crois que peu importe le métier que l’on exerce, celui-ci a une grande influence sur nos vies, notre identité, explique Poots. Dans ce film, la musique régit complètement la vie des musiciens, leur morale, leur façon de réagir face aux êtres aimés; les personnages sont égoïstes et ne pensent qu’en fonction de leur carrière."

À tel point que le seul véritable amour auquel semblent avoir droit les personnages est la musique: "Mener une carrière de front et avoir une famille est un combat de tous les jours. Ce qui est intéressant dans A Late Quartet, c’est que nous sommes en présence d’une structure familiale, le quatuor. Chaque personnage vit une tension chaque fois qu’il doit choisir entre sa vraie famille et la famille de substitution qu’est le quatuor", croit Ivanir.

Pour les besoins du film, les acteurs ont dû suivre des cours intensifs auprès de professeurs de Juilliard: "Je n’étais pas dans ma zone de confort, non pas parce que Yaron m’a fait jouer un personnage vulnérable, très différent des autres, mais parce que je devais prétendre savoir jouer du violoncelle. Je détestais les cours de violoncelle! Après cinq minutes, je finissais par déposer l’instrument sur le sol et par bavarder avec le professeur à propos de la valeur de l’instrument. Philip était incroyable, il pouvait vraiment jouer de son instrument", se souvient Walken.

"S’il avait continué à répéter ainsi pendant des années, poursuit Keener, Philip aurait pu devenir un vrai violoniste. Je n’aurais jamais pu apprendre à lire la musique, alors le truc pour moi, c’était de mémoriser les notes en inventant une chanson. Beethoven n’a jamais vraiment fait partie de ma vie, mais lorsque j’entends l’un de ses morceaux, je suis transportée. J’ai adoré comment Chris a joué en toute simplicité ce personnage, je m’étais imaginé que le personnage deviendrait plus grand que nature."

Bien qu’il ne soit pas musicien, Walken connaît le milieu de la musique classique pour avoir fréquenté des musiciens dans sa jeunesse dans le Upper West Side: "Dans ce rôle, je n’essaie pas de détruire le monde ni de tuer personne, c’est un gars ordinaire qui joue du violoncelle, pas un vilain caricatural comme j’en joue souvent. Il est la figure paternelle du quatuor; ma seule connexion avec lui, c’est qu’il est dans le show-business, qu’il est un artiste. La scène où j’ai été vraiment à l’aise, c’est celle où nous jouons devant des centaines de personnes. Je me sens comme un poisson dans l’eau sur scène."

En salle le 30 novembre