Cinéma

De rouille et d’os : Sous le soleil exactement

Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts forment un tandem de choc dans De rouille et d’os, puissant mélodrame de Jacques Audiard.

Dans De rouille et d’os de Jacques Audiard, c’est sous le chaud soleil de la Côte d’Azur que se déroule la rencontre entre une dompteuse d’orques amputée des deux jambes (Marion Cotillard, d’une force tranquille) et un boxeur père de famille monoparentale (Matthias Schoenaerts, imposant). Le monde qu’y dépeint Audiard n’a cependant rien à voir avec les clichés glamour que l’on se fait de ce coin de pays.

Pour échapper au quotidien et sentir le regard des hommes sur elle, Stéphanie (Cotillard) fréquente un bar assez peu recommandable; c’est là qu’elle croise Ali (Schoenaerts), qui y est videur, peu avant l’accident qui changera le cours de leur vie. L’appartement de la sœur d’Ali (Corinne Masiero, criante de vérité), où il habite temporairement avec son fils (Armand Verdure, juste), n’est guère accueillant ni salubre.

N’allez cependant pas croire que le regard d’Audiard se fasse condescendant ou qu’il mise sur le misérabilisme. Bien au contraire, se dégage de cette saisissante peinture de milieu par moments douloureuse une bouleversante humanité. Bien qu’il ne possède pas la force du magistral Un prophète, ce mélodrame aussi sombre que lumineux, où le sort s’acharne sur deux protagonistes que tout sépare, séduit par la fluidité de sa mise en scène, ses images impressionnistes gorgées de soleil et la puissance de ses interprètes.

En plus de traduire parfaitement la brutalité des nouvelles de Craig Davidson, Jacques Audiard et Thomas Bidegain y ont insufflé un espoir timide et révélé la grandeur des petites gens, et du coup, redonné au mélodrame ses lettres de noblesse.