Éric Tessier / Les pee-wee 3D : Histoires d’hiver
Les pee-wee 3D d’Éric Tessier pourrait bien devenir un film-culte comme La guerre des tuques d’André Melançon pour la nouvelle génération.
Alors que la popularité de la 3D recule au Québec, voilà que se pointe sur nos écrans le premier long métrage québécois en 3D. Comme timing, on n’aurait pu imaginer pire. La 3D du film d’Éric Tessier en est une de postproduction. De fait, ce n’est qu’un an après que le réalisateur eut embarqué dans le projet que le producteur Christian Larouche a décidé d’ajouter du relief au tout.
«Dès lors, j’ai changé mon fusil d’épaule et j’ai tourné en fonction de la 3D, se souvient Tessier. Oui, il y a des rondelles qui revolent, parce que c’est cool et que ça sert le propos, mais ce n’est pas qu’un film de jaillissement. Ma perception de la 3D était plutôt négative, comme bien du monde, parce qu’il n’y a pas tant de belle 3D que ça. Je crois qu’on n’a fait qu’effleurer ce qu’on peut faire en 3D et qu’il y a un immense potentiel. Je me sentais une responsabilité parce qu’il n’aurait pas fallu faire quelque chose qui donne mal aux yeux.»
Outre les rondelles qu’on finit par vouloir esquiver tel un gardien de but, Éric Tessier s’est amusé à diviser l’écran et à créer des effets de flottement. Étonnamment, c’est dans les scènes d’émotion plutôt que dans les scènes d’action que la 3D se fait plus présente.
«Le hockey, c’est l’affaire la plus vite au monde, et la grosse vitesse ne marche pas avec la 3D, explique le réalisateur. Elle n’aime pas non plus les contrastes. Le hockey se regarde souvent de loin; or, on est sur la glace avec les joueurs, et le fait de pouvoir les suivre de si près découle de la 3D. Mon kick, c’était de voir le hockey comme un objet cinématographique. Sachant que tout le monde connaît ça, il fallait que ça marche.»
Connu pour ses films sombres (Sur le seuil, 5150, rue des Ormes, d’après les romans de Patrick Senécal), Éric Tessier s’est retrouvé dans un univers qui lui était étranger en prenant les commandes des Pee-wee 3D. S’il avoue ne pas être fan de hockey et ne pas avoir vu The Mighty Ducks de Stephen Herek ni Goon de Michael Dowse, Tessier admet que Slap Shot de George Roy Hill est l’un de ses films favoris.
N’allez cependant pas croire qu’Antoine Olivier Pilon, Alice Morel Michaud et Rémi Goulet, coachés par la formidable Félixe Ross, forment un trio semblable aux frères Hanson dans ce film qui traite notamment de deuil, d’amitié et d’intimidation. Un drame où les adultes, dont Normand Daneau, Édith Cochrane, Claude Legault et Guy Nadon, font parfois preuve de moins de maturité que leurs cadets.
«Un drame sportif de hockey pour la famille avec des jeunes, come on!, c’est le piège à clichés par excellence. Avec les scénaristes Emmanuel Joly, Jean-Sébastien Poirier, Martin Bouchard, puis Ian Lauzon et Hugo Dubreuil, je pense qu’on a flirté avec les clichés, mais sans jamais tomber dedans, pas plus qu’on n’a forcé l’émotion ou versé dans le mélodramatique», promet Éric Tessier.