Mads Mikkelsen, Nikolaj Arcel et Rasmus Heisterberg / Liaison royale : Le favori

Récipiendaire de deux prix à la Berlinale, meilleur scénario pour Rasmus Heisterberg et le réalisateur Nikolaj Arcel, et prix d’interprétation pour l’excellent Mikkel Boe Folsgaard en roi fou, Liaison royale relate une page d’histoire presque trop belle pour être vraie. Moins de 30 ans avant la Révolution française, un médecin allemand, Struensee (Mads Mikkelsen), venu soigner le roi Christian VII du Danemark (Folsgaard), devint l’amant de la reine Caroline Mathilde (Alicia Vikander) et fomenta avec elle une révolution inspirée des lumières.

«Nous avons travaillé avec trois historiens et chacun d’eux a sa propre interprétation des faits, même si tous s’entendent sur plusieurs points, se souvient Arcel, rencontré au Festival du film de Toronto. Notre but était d’être le plus près possible de la vérité: je crois que huit historiens sur dix sont d’accord avec notre version des faits. Cela dit, Struensee aimait-il réellement la reine ou s’est-il servi d’elle pour faire passer plus de 200 lois en une année et demie? Comme nous sommes tous deux romantiques, nous croyons que puisqu’ils partageaient les mêmes idées, ils étaient réellement amoureux.»

«Nous savons que la reine était vraiment inspirée par Rousseau et Voltaire, poursuit Heisterberg, qu’elle était très progressiste, alors nous pensons qu’il s’agissait d’une rencontre entre deux esprits. Tout ce que nous racontons est vrai. Il y avait tant à relater, tant de détails, tel le roi faisant de son chien un membre honoraire du conseil, que le problème, c’était de savoir ce que nous pouvions apporter à ce film, de faire les bons choix plutôt que d’inventer des faits. C’est une histoire extraordinaire et c’était un réel privilège que de pouvoir la raconter au grand écran.»

Les films à costumes étant coûteux et les réalisateurs danois ayant de la difficulté à obtenir du financement, outre le scénario béton, c’est la présence de Mads Mikkelsen qui a beaucoup permis au tandem de voir son projet se concrétiser. Ne se considérant pas comme aussi romantique qu’Arcel et Heisterberg, l’acteur s’est laissé séduire par la rencontre spirituelle entre le médecin et la reine.

«L’un des points dont j’ai beaucoup discuté avec Nikolaj, raconte-t-il au bout du fil, c’était de savoir à quel point Struensee était ambitieux. Selon moi, il ne l’était pas. C’était un esprit brillant, mais un très mauvais politicien. Il n’avait pas envie de changer le monde, mais lorsqu’il en a eu l’occasion, il l’a fait. Au départ, tout ce qu’il désirait, c’était de faire du roi, qu’il aimait sincèrement, un homme droit.»

Peu de documentation existant sur Struensee, Mikkelsen s’est passionné pour le jeune roi dont on ignore s’il était schizophrène ou bipolaire: «Le roi voyageait beaucoup; pour certains, c’était un jeune homme brillant et charmant, pour d’autres, un être détestable qui ravageait les chambres d’hôtel, battait les chevaux, brûlait des maisons. Il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas chez lui. Aux yeux de Struensee, le roi était un enfant qu’il devait mener à l’âge adulte.»

En salle le 25 janvier