Au-delà des pins : L'héritage
Cinéma

Au-delà des pins : L’héritage

Après Blue Valentine, Derek Cianfrance s’intéresse de nouveau au destin des petites gens dans Au-delà des pins.

Ambitieuse chronique familiale relatée en trois parties, Au-delà des pins suit d’abord le parcours d’un homme ayant cambriolé une banque (Ryan Gosling, impénétrable), puis d’un policier (Bradley Cooper, peu expressif) l’ayant pris en chasse, et enfin, 15 ans plus tard, des deux fils adolescents de ceux-ci (Dane DeHaan et Emory Cohen).

À l’instar de Blue Valentine, où il naviguait avec brio du naturalisme au lyrisme, Derek Cianfrance campe sa première intrigue dans un milieu modeste de Schenectady (signifiant en iroquois «l’endroit au-delà des pins»), où le personnage de Gosling renoue avec une ancienne maîtresse (Eva Mendes), milieu qu’il parvient à sublimer en lui insufflant un climat quasi onirique. Ainsi, sa façon de présenter ce motard casse-cou se produisant dans des fêtes foraines qu’incarne Gosling n’est-elle pas sans rappeler l’esthétique de Drive de Nicolas Winding Refn.

Si Au-delà des pins séduit d’emblée, ses carences scénaristiques auront tôt fait d’exaspérer le plus patient des spectateurs. Coécrit avec Ben Coccio et Darius Marder, le film souffre beaucoup de ses personnages schématiques, dont certaines réactions ou répliques paraissent trop arrangées avec le gars des vues. Le tout ne s’améliore guère lorsqu’entre en scène le personnage de Bradley Cooper, lequel évolue au sein d’un corps policier corrompu, et décline complètement lors de la rencontre des deux garçons qui ignorent tout du passé de leurs pères. Non seulement on ne croit pas aux 15 années s’étant écoulées, mais Cianfrance gâche une chronique au départ crédible par un déterminisme artificiel.