Fantasia : La confrérie des geeks
Depuis 17 ans, le Festival international de films Fantasia est le lieu de rencontre par excellence pour les mordus du cinéma de genre. Est-ce à dire qu’il s’agit d’un repaire où les geeks peuvent enfin partager leur folle passion en société? Oui, mais pas que!
Quiconque n’a jamais mis les pieds au Festival international de films Fantasia peut s’imaginer bien des choses. Par exemple, qu’il s’agit là d’un rassemblement d’asociaux quittant leur sous-sol obscur durant trois semaines afin de revoir sur grand écran, avec leurs semblables, des films qu’ils ont piraté durant l’année. Pis encore, qu’il s’agit là d’un endroit où les spectateurs, complètement hystériques, se comportent comme s’il s’agissait d’un show rock et non d’une séance de cinéma. Il est vrai que l’enthousiasme du public fantasien est des plus contagieux, mais face à un film contemplatif, il est certes des plus respectueux. Et alors, c’est quoi Fantasia? Un festival conçu par et pour des geeks?
Intello ascendant geek, Simon Laperrière, qui y travaille depuis presque 10 ans et qui y dirige le volet Caméra Lucida, voit ainsi les choses: «Le geek est quelqu’un de passionné, et effectivement, il n’y a que des passionnés dans l’équipe et le public de Fantasia. Sous cet angle, je suis d’accord avec les clichés véhiculés, mais est-ce que cela fait de notre public que des geeks? Non!»
Laperrière nuance ses propos: «À cause de notre mandat, qui est celui de présenter du cinéma de genre, on baigne dans la culture geek qui est actuellement en montée, mais ce n’est qu’un versant de notre programmation. Le volet Caméra Lucida se penche sur le cinéma de genre réflexif: on est donc loin des enjeux de cette culture-là. Je ne peux pas répondre à la place des autres membres de l’équipe, mais en ce qui me concerne, je publie cette année un livre académique et j’organise la Nuit excentrique qui est une soirée dédiée aux films psychotroniques. Je pense que tous les membres de l’équipe ont un penchant geek assumé, mais ce n’est pas cela qui va diriger la totalité de nos choix.»
Qu’on se le tienne pour dit: l’équipe de Fantasia est formée d’ardents cinéphiles. Et qui dit cinéphile ne dit pas nécessairement geek et vice versa. Toutefois, lorsque l’un accompagne l’autre, en résulte un amour fou du cinéma: «Lorsqu’on reçoit des icônes du cinéma d’horreur comme Tom Sovini pour Le théâtre bizarre, c’est là qu’arrivent les gros fans qui collectionnent les DVD, les affiches, les figurines et qui vont demander des autographes. Quand on a des projections de Godzilla, d’Ultraman ou de Gatchaman, c’est évident que les amateurs obsessifs vont accourir – il y en a même qui se costument.»
Le sexe des geeks
La geekitude, affaire de gars ou pas? «Il y a de plus en plus de filles qui assument leur côté geek, observe Simon Laperrière. Démographiquement, il y a autant d’hommes que de femmes qui fréquentent Fantasia. On a réussi à démontrer au fil des années qu’on n’avait pas une programmation destinée qu’aux mâles. Je dirais même que le public féminin prend de plus en plus d’importance; même dans l’équipe, il y a plus de filles qu’avant. Il suffit d’aller sur Internet pour découvrir des vidéos réalisées par des femmes amatrices de jeux vidéo et de bandes dessinées; je pense notamment à Lisa Foiles qui s’intéresse aux jeux vidéo rétro comme Mario Bros. On dirait que le fait que les femmes assument leur «geekitude» valide la culture geek et dément le préjugé qu’elle n’intéresse que les hommes.»
Passionné comme pas un, le geek ne possède pas nécessairement la patience comme qualité première. Il arrive ainsi parfois qu’il parvienne à se procurer, légalement ou non, des films qui figureront dans le catalogue de Fantasia. Les geeks et geekettes ne finiront-ils pas par déserter les salles obscures? Laperrière constate plutôt le contraire.
«Il est vrai que l’une des fiertés de la communauté geek, c’est de lire un livre ou de voir un film avant tout le monde. Est-ce que ça fait mal à Fantasia? La vente des billets, qui augmente d’année en année, me fait dire que non. La culture geek est également une célébration communautaire, donc le geek va vouloir voir ses films avec ses amis dans une atmosphère festive. Et ça, il va la retrouver davantage à Fantasia que dans une salle de cinéma régulière ou dans son sous-sol devant l’ordinateur.»
Du 18 juillet au 7 août
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Top geek
On a demandé à Simon Laperrière: qui incarne la geekitude au cinéma?
Michael Cera: «Dans Scott Pilgrim vs. The World, il incarne une représentation du geek comme individu profondément cool.»
Joseph Gordon-Levitt: «Il aime la science-fiction et les nouvelles technologies, en plus, il est devenu Batman!»
Kevin Smith et Guillermo Del Toro: «Deux grands défenseurs de la bande dessinée et du cinéma de genre.»
J.J. Abrams: «Il va réaliser Star Wars: il va donc réaliser le rêve de tous les geeks!»
Steven Spielberg: «À sa façon, Spielberg peut être considéré comme un geek.»
Dix suggestions «fantasiesques» pour le geek en vous
Au dire de Simon Laperrière, on a tous un geek en nous. Voici ce qu’il propose pour le retrouver à Fantasia.
Curse of Chucky de Don Mancini: «Le geek en moi est heureux d’annoncer la première mondiale de ce film!» (2 août, Cinéma Impérial)
Discussion avec Podz: «Podz va revenir sur les points forts de sa carrière, dont le fameux plan-séquence de 19-2, et parler de son prochain long métrage, un plan-séquence de 80 minutes.» (26 juillet, Cinémathèque québécoise)
Doublages insolites: «En plus de ses soirées DJ XL5, Marc Lamothe a préparé une rétrospective de films dont le doublage sort de l’ordinaire. Il y aura entre autres Polyester de John Waters… en odorama!» (24 juillet, Cinémathèque québécoise)
Fragments d’Asie: «On y retrouve le dernier court de Katsuhiro Otomo (Akira), Combustibles, et celui de Yeun Sang-ho (The King of Pigs), The Window.» (28 juillet, Cinéma Impérial)
Gatchaman de Toya Sato: «C’est la première adaptation en prises de vue réelles de La bataille des planètes!» (6 août, Cinéma Impérial)
I’ll Give It My All… Tomorrow de Yuichi Fukuda: «C’est le récit d’un homme qui quitte son emploi pour se consacrer à une carrière d’auteur de mangas.» (1er août, Cinéma Impérial)
Magic Magic de Sebastian Silva: «Ce n’est pas du tout un film geek, mais ce qui est génial, c’est d’y retrouver Michael Cera dans un contre-emploi qui le rend détestable et « malaisant ».» (22 juillet, Cinéma Impérial)
Prix d’excellence pour l’ensemble de sa carrière – Andrezj Zulawski: «Cette soirée sera un grand moment dans l’histoire de Fantasia. On y présentera Szamanka.» (25 juillet, Cinéma Impérial)
Rewind This! de Josh Johnson: «Un documentaire qui revient sur l’âge d’or de la vidéocassette et se penche sur la cinéphilie nostalgique s’y rattachant.» (29 juillet, Salle J.A. DeSève; 3 août, Salle J.A. DeSève)
Snuff Movies. Naissance d’une légende urbaine: «Il s’agit d’un court essai que j’ai écrit avec Antonio Dominguez où l’on tente d’expliquer comment est apparue la légende urbaine dans l’imaginaire contemporain.» (28 juillet, Salle J.A. DeSève)
Je crois qu’il a vraiment oublié « H2G2: Hitchhiker’s Guide To The Galaxy ».
Bon ok, ce n’est pas un grand film, mais la série de livres (sans compté les radio-romans) de Douglas Adams sont devenus un incontournables de la littérature G33k. Même Google te répond « 42 » quand tu lui pose la quesiton « what is the answer to life the universe and everything? »