Menu ciné : L'eau à la bouche
Cinéma

Menu ciné : L’eau à la bouche

En février dernier, Voir la vie vous proposait son ciné-répertoire gourmand. À l’occasion de l’événement Omnivore, pourquoi ne pas poursuivre l’exercice, histoire de vous mettre en appétit?

Mise en bouche

Il n’y a pas qu’à la télé que les Jamie Oliver, Nigella Lawson et Ricardo de ce monde ont la cote. De fait, au cours des dernières années, le cinéma a fait la part belle aux toqués les plus réputés. Chez nous, Guillaume Sylvestre a tracé les portraits croisés des chefs Normand Laprise et Martin Picard dans le sympathique documentaire Durs à cuire, où l’on suit ces messieurs dans leur quête des meilleurs produits du terroir.

Pour sa part, l’Allemand Gereon Wetzel s’est introduit discrètement dans le laboratoire culinaire du chef espagnol Ferran Adrià afin de percer le secret de la cuisine moléculaire dans El Bulli: Cooking in Progress. Comme le prouve l’émouvant Entre les bras de Paul Lacoste, où le chef français Michel Bras passe le relais à son fils Sébastien, la cuisine, c’est aussi une histoire de famille, de filiation et de tradition.

Les saveurs de la mer

Il y a fort à parier que bon nombre de gourmets québécois n’avaient jamais entendu parler du koulibiac (poisson en croûte) jusqu’à ce qu’ils voient les mâles du Déclin de l’empire américain de Denys Arcand mettre joyeusement la main à la pâte. Sans doute ont-ils aussi été très surpris une vingtaine d’années plus tard en découvrant dans la magnifique chronique familiale d’Abdellatif Kechiche que le titre La graine et le mulet évoquait en fait un couscous au poisson.

Plaisirs carnivores

Inspiré des mémoires de Danièle Mazet-Delpeuch, cuisinière de François Mitterrand à l’Élysée qu’incarne Catherine FrotLes saveurs du palais de Christian Vincent donne à voir une panoplie de petits plats bien mitonnés, dont l’alléchant bœuf en croûte de sel. Dans le tendre Au petit Marguery de Laurent BénéguiMichel Aumont, dans le rôle d’un cuisinier se préparant à fermer son bistro, n’hésite pas à apporter une pièce de bœuf entière à un client capricieux afin de lui prouver que la viande est bien fraîche.

Pas de quoi faire un fromage

En raison de leurs parfums forts et persistants, certains fromages sont sources intarissables de blagues, comme en témoigne la recette imaginaire du fougne, plat confectionné à partir de restes de fromage macérés dans l’alcool de bois, des Bronzés font du ski de Patrice Leconte. Et que dire de l’odorant maroilles que l’on savoure trempé dans le café dans Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon?

Divines douceurs

En ténébreux gitan, Johnny Depp fait certes rêver dans la charmante fable Chocolat de Lasse Halström, mais ce sont cependant les recettes que concocte la délicieuse Juliette Binoche qui remportent la mise. Si onctueux semble-t-il, on n’oserait goûter au chocolat chaud que sert la sulfureuse Isabelle Huppert dans Merci pour le chocolat de Claude Chabrol. En revanche, on reprendrait bien une part du saint-honoré «crème mémé» des Saveurs du palais

Délires éthyliques

«Je ne bois pas de Merlot!» s’exclamait Paul Giamatti dans l’amusant road movie Sideways d’Alexander Payne, qui nous amène sur la route des vins californiens. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas le choix qui manque dans Mondovino, où le documentariste Jonathan Nossiter parcourt les Amériques et l’Europe afin de rendre compte de l’évolution du vin à l’heure de la mondialisation.

Si le vin n’est pas votre tasse de thé, initiez-vous au whisky avec les gentils délinquants de The Angels’ Share de Ken Loach ou faites la tournée des pubs anglais en compagnie des joyeux drilles de The Word’s End d’Edgar Wright