Dossier municipal : Vues politiques
Dossier municipal

Dossier municipal : Vues politiques

Le visage cinéma de Montréal a bien changé au fil des ans… et pas toujours pour le meilleur.

La semaine dernière, on se réjouissait du fait que le ministre de la Culture et des Communications Maka Kotto octroyait une aide de 3 750 500 M$ à la Cinémathèque québécoise afin que celle-ci puisse moderniser ses équipements et ses installations. Cette aide s’accompagnait de 100 000$ destinés à l’élaboration d’un nouveau plan d’affaires. Trois millions, ça change pas le monde… sauf que cela ne suffira pas à régler les problèmes financiers de la vénérable institution pour autant.

Ainsi, pour la seconde fois cet été, la Cinémathèque a renouvelé son moratoire sur les dons et acquisitions pour une autre année. Au fil des dernières années, la gardienne de la mémoire de notre cinéma a traversé plus souvent qu’à son tour de périlleuses zones de turbulences. Comme la culture semble être le cadet des soucis du gouvernement Harper, la future administration montréalaise se devra d’apporter son soutien à la Cinémathèque.

S’il n’y a pas de souci à se faire du côté des tournages – le Bureau du cinéma et de la télévision de Montréal nous assurant que le volume de production depuis 10 ans était toujours supérieur à un milliard de dollars –, on ne peut en dire autant en ce qui concerne les lieux de diffusion. Dans la dernière décennie, plusieurs salles de cinéma (Parisien, Palace, Crémazie, etc.) ont disparu au profit des mégaplex. La fermeture temporaire du Cinéma du Parc en 2006 et des deux salles d’Excentris en 2009 a été un dur coup pour les cinéphiles montréalais. Afin de ne pas revivre pareil épisode, Montréal devra à tout prix ne pas négliger la bonne santé financière de ces lieux de diffusion importants pour le cinéma québécois et le cinéma d’auteur, également hôtes de festivals de films majeurs, dont le Festival du nouveau cinéma. N’oublions pas que les mécènes de la trempe des Phoebe Greenberg, à qui l’on doit la création du Centre PHI, ne courent malheureusement pas les rues.

À défaut d’avoir un festival du calibre du TIFF, Montréal offre une quantité impressionnante de festivals de films (Festival des films du monde, Fantasia, Rencontres internationales du documentaire de Montréal, etc.)… dont la survie dépend non seulement de la fidélité de ses festivaliers, de la SODEC et de Téléfilm Canada, mais aussi du soutien financier de la Ville. La cinéphilie déclinant d’année en année et la popularité du cinéma québécois connaissant une récente baisse de régime, l’existence et la survie de tels événements sont primordiales pour l’avenir d’une métropole qui se targue d’être culturelle. Car si l’on souhaite que notre cinéma continue de rayonner à l’étranger, il faudra aussi qu’il brille ici.