La pièce, qui sera présentée à nouveau dès le 22 octobre à l’Espace GO, avait été l’un des moments forts de la saison dernière et gardera une place dans la mémoire du théâtre québécois à cause de la brillante interprétation de Violette Chauveau, qui lui a valu le prix de la critique remis par l’Association québécoise des critiques de théâtre. Dans le rôle de Simone, une intellectuelle à la croisée des chemins, la comédienne proposait une interprétation tout en nuances, montrant très délicatement le parcous la menant de la force à la vulnérabilité. Jetant un regard lucide sur sa vie de couple et sa vie de femme après avoir été happée par un sentiment trouble à la découverte d’un cadavre sur les bords d’une plage irlandaise, Simone porte un regard passionné, parfois douloureux, sur les écueils et les joies d’une existence de chair et d’esprit, tout en réflechissant à la féminité. À ses côtés, Jean-François Casabonne et Evelyne de la Chenelière sont tout à fait vibrants.

La réalisation de Luc Bourdon et Alice Ronfard, dans un exercice qui dépasse celui de la captation traditionnelle et qui propose un découpage cinématographique très fluide et très délicat, se rapprochant des acteurs pour capter leur émotion avec une rare justesse. Les gros plans des visages, des larmes et des regards denses succèdent à quelques plans d’ensemble dans un magnifique document qui dévoile les détails invisibles du jeu, de manière parfois légèrement impudique. Voilà qui constitue un réel hommage au travail de l’acteur.