DVD: Mike Ward s’expose : À boulets rouges
L’humoriste québécois déposé son matériel corrossif sur un DVD plutôt sobre.
Si on peut débattre des heures et des heures des rapprochements entre l’humour décapant de Mike Ward et celui peut-être plus songé, mais aussi tiré par les cheveux de Louis C.K., on peut tout de même lier les deux bonhommes par leur façon d’approcher la mise en marché de leur produit: eux-mêmes. Ainsi, rien n’empêche «le Picasso de la joke de plottes» (pour reprendre l’expression du stand-up québécois) d’abonder dans un marketing incroyablement de son temps.
Ward est non seulement très présent sur différentes sphères (réseaux sociaux, télé, etc.), mais ne s’enlise pas trop dans l’auto-promo vaseuse ou le tweet-drôle-qui-tombe-finalement-à-plat. Mine de rien, ses « videocasts » produits en compagnie d’autres humoristes sont amusants, bien sûr, mais surtout intéressants tant ils scrutent sans retenue les rouages de l’industrie locale. Ce qui nous mène à Mike Ward s’expose, la captation de son second one man show qu’il a écrit avec l’aide de Guillaume Wagner et François Avard, notamment. Tout d’abord présenté sur scène, bien évidemment, puis dans certaines salles de cinéma (oui, oui), Ward l’offre enfin sur DVD et en téléchargement numérique.
Réalisée et montée par Louis Delisle, la captation de Mike Ward s’expose est plutôt sobre, laissant toute la place à Ward et son matériel caustique et déployé sans temps mort. On le sait, Ward est baveux à souhait, mais ce second spectacle met aussi en valeur un fin observateur qui tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge. En plus de se moquer – avec tendresse (ou pas) – d’handicapés et de femmes battues, Ward ose vraiment en s’en prenant à des chouchous et des intouchables (Patrick Lagacé, René Angélil, Guy A. Lepage, etc.) ainsi qu’à son propre milieu (dès la levée du rideau, il passera l’humour de Guy Nantel dans le tordeur en un temps record). Bien sûr, Mike Ward ne s’épargnera pas non plus. «Il n’y aura pas de blagues sur les enfants kidnappés!», lancera-t-il tout de suite après l’épisode Nantel, histoire de faire référence à son fameux gag abordant Cédrika Provencher par la bande.
Les fans de Ward seront donc conquis et plusieurs amateurs d’humour «NSFW», eux, y trouveront également leur compte s’ils ne connaissaient pas déjà l’oeuvre du bonhomme. Seule «ombre» au tableau: le DVD est chiche en matériel supplémentaire et n’offre qu’un extrait de son spectacle en anglais qui reprend essentiellement celui-ci dans la langue de Molière. N’empêche que les maniaques de détails pourront apprécier les subtilités qu’il apporte à chacun (notamment en ce qui concerne les références populaires utilisées d’une solitude à l’autre).