Renaud Gauthier / Discopath / RVCQ : Le disco dans le sang
Cinéma

Renaud Gauthier / Discopath / RVCQ : Le disco dans le sang

Depuis sa première mondiale l’été dernier à Fantasia, Discopath de Renaud Gauthier a récolté un succès enviable à l’étranger. Étonnamment, aucun distributeur québécois ne veut de lui… 

Bien connu des amateurs de films de genre qui fréquentent Fantasia, SPASM et Vitesse Lumière, notamment grâce à sa série de courts métrages Inspecteur Bronco, Renaud Gauthier est féru de culture populaire des années 1970. Et dans Discopath, son premier long métrage, non seulement cela se voit, cela s’entend! Porté par une trame musicale où l’on retrouve entre autres I Was Made For Loving You de KISS, Stop ou encore de Plastic Betrand et Desire de Roni Griffith, Discopath nous transporte d’une boîte de nuit de New York en 1976 jusqu’à un pensionnat pour jeunes filles de Montréal en 1980 sur les traces d’un jeune homme timide (Jérémie Earp-Lavergne) que le disco transforme en assassin sanguinaire.

« Je ne sais pas si j’ai subi un traumatisme quelconque à Old Orchard Beach, confie-t-il au bout du fil, mais quand j’étais jeune, je trouvais le disco inquiétant, surtout quand les pièces comportaient du violon. Il y a aussi tout le côté macho séducteur qui me donnait la chienne. Je suis un gros fan de Georgio Moroder, d’American Gigolo; j’ai grandi avec Starmania et Midnight Express. Il y a aussi du John Carpenter dans mes influences. Avec mon ami Bruce Cameron, claviériste d’Éric Lapointe, on a utilisé les mêmes synthés que Carpenter. On a établie le « 1981 Rule » : chaque fois que quelque chose sonnait trop moderne, je le refusais. Je voulais seulement des keyboards en bois. »

Mis en image par le photographe John Londono, avec qui il a travaillé sur le tournage de clips de Damien Robitaille, Discopath respecte en tous points l’époque. Ce à quoi Renaud Gauthier a veillé également : « Je suis directeur artistique, je suis donc pointu sur tous les détails. Même si on avait un budget limité, je voulais que ça look. Dans la première partie, il y a même des références à Brian De Palma. Je ne voulais pas mettre de grindhouse ni de scratch; je voulais un look 35mm anamorphique. Même si je suis un puriste de la pellicule, on a quand même tourné avec une RED et de vieilles lentilles soviétiques anamorphiques.»

Pour ce néo-slasher aux accents de giallo teinté d’humour noir, dans lequel plusieurs femmes passent de très mauvais quarts d’heure, dont Sandrine Bisson en institutrice aguichante et Ingrid Falaise en bonne sœur, Renaud Gauthier a fait appel aux services du maquilleur et spécialiste d’effets spéciaux Rémy Couture.

« Rémy, c’est une arme à double tranchant : certains distributeurs ne voulaient pas s’associer avec nous parce qu’il était impliqué dans le film. Avec Rémy, on prépare d’ailleurs une surprise pour la soirée de projection aux Rendez-vous. Pour Discopath, je me suis entouré d’une équipe que je connais depuis longtemps et on a bien hâte de faire le prochain, Pierrot, qui sera plus sérieux mais également dans l’esprit du giallo. »

Bien que son film n’ait pas encore de distributeur québécois, Renaud Gauthier ne perd pas espoir :« Je suis confiant, je trouve que j’arrive à point avec mon film. Avec toute la gang de SPASM et de Fantasia, il y a tout un marché, peut-être plus grand encore que celui des « feel bad movies » que Vincent Guzzo appelle « lamentards ». Je sais que je n’ai pas fait une œuvre d’art, mais je pense que c’est quand même une belle patente. »

À preuve, la réception de distributeurs étrangers dont bénéficie Discopath : « Au Festival international du film fantastique de Gérardmer, le nouvel Avoriaz, j’ai été accueilli en semi-héros. J’ai fait les sous-titres en français international, mais quand les gens entendaient « tabarnak! », ils se roulaient à terre. J’ai signé avec le distributeur américain FilmBuff qui va le sortir sur iTunes; ce sera louable et téléchargeable dès le 1er mai. Je viens aussi de signer un deal en Allemagne où le film sera doublé et projeté en salle. J’ai toutes sortes de bonnes nouvelles de l’étranger, mais pas du Québec. J’ai donc l’idée de devenir un prophète nul dans son pays. »

Ce samedi de 21h30 à 22h50 au Pavillon Judith-Jasmin, en présence du réalisateur et de l’actrice Sandrine Bisson. En collaboration avec Pop Montréal, la soirée se poursuit à 23h au Bistro SAQ en présence de Robert Ouimet, ex-DJ du mythique Limelight.