Culture autochtone : 10 ans de Wapikoni Mobile
Déjà dix ans que Manon Barbeau et son équipe du Wapikoni Mobile font éclore des talents de cinéastes dans les communautés autochtones. Alors que le festival Présence autochtone souligne cet anniversaire, regard sur trois artistes Wapikoni prometteurs.
Il y eut Samian, devenu le rappeur admiré que l’on connaît après son passage dans les studios mobiles de Manon Barbeau. Puis, au fil des ans, les jeunes réalisateurs ayant fait leurs premières armes au Wapikoni ont continué d’être remarqués ici et là, leurs œuvres érigeant doucement mais sûrement un nouveau répertoire cinématographique autochtone.
L’un des plus applaudis est sans doute Réal Junior Leblanc, un poète innu d’Uashat, sur la Côte-Nord, dont le film Nanameshkueu (Tremblement de terre) a été lauréat du Prix Jeunesse Mainfilm au festival Présence autochtone en 2011. Film poétique dans lequel Junior Leblanc lit l’un de ses textes en l’accompagnant d’images oniriques en surimpression, le court métrage évoque souvenirs d’enfance et beauté du territoire natal, dans une volonté de sublimer les textures et la mémoire. En 2012 et 2013, il a enchaîné avec Chevelure de la vie, une œuvre poétique du même genre, célébrant la force de la nature, et Blocus 138, un documentaire racontant le démantèlement et le déroulement de la journée du 9 mars 2012, lors du blocus de la route 138, tourné au milieu même des manifestants. Âgé de 28 ans, désormais engagé pleinement dans son art, il racontait récemment au Devoir son adolescence difficile. «J’étais un petit voyou, mais mes parents m’ont encouragé à écrire ma rage plutôt qu’à me battre, et j’ai gagné un concours de poèmes.»
Avant chaque projection du long métrage Le vrai du faux au cinéma Beaubien ces jours-ci, les cinéphiles voient le court métrage d’animation Dans ton cœur de Raymond Caplin, un film patiemment construit par ce jeune illustrateur tenace, âgé de 21 ans. Film sur la nécessité d’être authentique et fidèle à soi, il est né au bout d’un parcours cahoteux du jeune Micmac, qui a abandonné l’école et sombrait dans la déprime avant de croiser une équipe du Wapikoni. Non seulement son film a-t-il été ensuite amplement louangé, mais, comme le racontait récemment Nathalie Petrowski dans La Presse, il lui a permis d’effectuer un stage à Paris à la prestigieuse école de l’image Gobelins et d’être admis au programme de cinéma de l’Université Concordia.
L’autre nom qui circule? Emilio Wawatie, dont le film Anishnabe Aki sonde l’identité «à travers des rencontres avec sa grand-mère et avec des dirigeants autochtones, dans le but de comprendre la division au sein de sa nation». Avec ses complices Shaynah Decontie et Raymond Caplin, Wawatie était aussi l’un des invités, en 2013, du Skábmagovat, le plus grand festival de films autochtones qui se déroule tous les ans dans le petit village d’Inari, en Laponie, à 350 km au nord du cercle polaire. Ensemble, ils y ont réalisé À la recherche de la lumière, un film tissé de blancheur hivernale et de couchers de soleil, qui raconte l’histoire d’une perte d’identité.
On peut découvrir leurs films, ainsi que le travail de bien d’autres jeunes talents, au wapikoni.ca.
La soirée de clôture de Présence autochtone, le lundi 4 août, se consacre à Wapikoni Mobile. Détails au presenceautochtone.ca.
Quel beau projet! Dans le même registre, j’ai vu le documentaire : 3 histoires d’indien de Robert Morin, ça m’a bouleversé, touché, enragé et j’ai pleurée, donc mission accomplie, ça ne laisse pas insensible et je peux vous dire que l’ensemble de la salle de cinéma était sous le choc. Merci Manon Barbeau pour le bien que tu fais par ton projet , pour l’espérance, l’espoir, la lumière après la noirceur.