Bold&Brash: Filmmaking Boisvert Style / L'indépendance à tout prix
Fantasia 2014

Bold&Brash: Filmmaking Boisvert Style / L’indépendance à tout prix

Qui donc est Simon Boisvert? Un cinéaste indépendant québécois, déterminé à faire des films sans budget, malgré un talent considéré faible. Le documentaire qu’il a réalisé lui-même au sujet de son œuvre, sans aucune complaisance, retrace un parcours enthousiaste et admirablement opiniâtre.

Vous avez déjà vu Stéphane, Nathalie, Caroline et Vincent? Ou La Vénus de Milo? Ou L’échangiste? Et 40 is the new 20? Si oui, vous faites partie d’un groupe limité de spectateurs qui ont vu ces films peu distribués, mal-aimés et mal financés.

Certes, ce ne sont pas de grands films. Des films réalistes et verbeux sur les relations hommes-femmes, qui n’évitent pas les clichés et sont parfois prévisibles, en plus d’être tournés un peu trop rapidement et de mettre en scène des acteurs moyens. Ils font le bonheur de l’équipe de Douteux.org, qui se fait une fierté de se divertir en visionnant des films maladroits ou médiocres, tournés avec des bouts de ficelle.

Mais, comme le montre ce documentaire tout simple, qui aligne des entrevues et extraits de films, ce sont des films produits et réalisés par un esprit libre, un homme persévérant qui lutte contre les dicktats d’Hollywood tout en cultivant un cinéma qu’il désire accessible et commercial, sans financement public ni argent privé, outre le sien. Il y met aussi un peu de piquant: dialogues irrévérencieux et pointes de misogynie dont une partie du public ne saisit pas le deuxième degré.

Il veut faire du cinéma à tout prix, et il le fait. C’est le culte de l’indépendance à son meilleur.

Bold and Brash raconte une décennie de tournages à travers les voix de Boisvert lui-même et de ses plus proches collaborateurs, de même que celle de l’un des rares distributeurs qui s’est pris d’affection pour ses films et celle de l’ex-collègue Kevin Laforest, qui qualifie Boisvert d’Ed Wood québécois. La comparaison est fort juste.

Ainsi sont évoquées les incompréhensions devant son œuvre et sa démarche, puis sa méthode rustique de recrutement d’acteurs à ses débuts (carrément dans les petites annonces classées), et finalement la crudité de certains de ses dialogues et sa manie de mettre en scène des personnages de salauds machistes et cruels.

Conscient de ses limites mais toujours aussi enthousiaste devant la perspective de faire un nouveau film, Boisvert n’offre pas ici une œuvre d’autocongratulation mais un film sincère dans lequel il tourne la caméra sur lui-même en admettant ses faiblesses tout en exprimant sa fougue. Ses collaborateurs, suivant le même mouvement, n’hésitent pas à poser un regard très critique sur sa filmographie mais applaudissent, sans exception, sa volonté de fer et sa pugnacité.

C’est probablement son meilleur film. Jusqu’à maintenant.

Le 19 juillet à 19h15 à la salle J.A. de Sève, dans le cadre du festival Fantasia