Fantasia/ The Infinite Man : un savant conte geek
The Infinite Man est un conte geek savamment orchestré par un réalisateur capable de retenue et de romantisme.
Dans son long métrage The Infinite Man, présenté dans le cadre du Festival Fantasia le 23 et le 25 juillet, Hugh Sullivan écrit et réalise un petit bijou magnifiquement chorégraphié de voyage dans le temps, d’amour et d’angoisse.
En minimisant l’ambition d’un projet minimaliste et sobre, Sullivan nous permet d’explorer le concept du voyage dans le temps tout en finesse et en humanité. Voulant reproduire, de façon obsessionnelle, une fin de semaine parfaite en couple, Dean (Josh McConville) fait la cour à sa copine Lana (Hannah Marshall) en reproduisant exactement leur succès relationnel passé, détruisant par le fait même tout semblant de spontanéité ou de nouveauté. C’est peut-être pour cela que sa copine décidera de repartir avec Terry (Alex Dimitriades), une ex-fréquentation qui a conduit quatre heures pour la retrouver et qui l’extirpe plutôt facilement des bras de Dean.
Obsédé par l’échec de son entreprise amoureuse, Dean travaillera donc sur l’un de ses projets pendant un an. Il reste à l’hôtel abandonné qui fut deux ans plus tôt le lieu de leur idylle, et développe une méthode efficace de voyage dans le temps. Le seul problème, c’est que cet être brillant mais peureux et chétif ne réussira pas nécessairement à contrer les avances de l’ex insistant, pour qui deux ou trois versions de Dean ne présentent pas un si grand obstacle.
Dean perd délicieusement le contrôle tandis que les deux autres personnages de ce huis-clos sympathique découvrent eux aussi la machine cérébrale à voyager dans le temps. Et bien que Dean perde le contrôle, Hugh Sullivan garde la main sur le volant et contrôle la vitesse d’un véhicule qui pourrait facilement déraper. Mais en limitant le nombre d’apparitions et de versions différentes de Dean, Terry et Lana dans ce lieu abandonné, il se permet une histoire mille fois plus crédible que d’autres ayant maladroitement tenté le voyage dans le temps (on peut penser ici à Looper, ou même le premier Star Trek de J.J Abrams, ou encore X-Men: Days of future past, entre autres efforts cinématographiques).
Un des paradoxes récurrents du voyage dans le temps, c’est l’impossibilité de changer ce que le destin avait prévu en général malgré la possibilité de modifier certains détails historiques en allant biduler dans le passé. Le voyage dans le temps est souvent un constat fataliste sur la nature humaine: en général, qui devait mourir mourra, qui devait réussir réussira de nouveau, le cosmos trouvant une méthode mystique de garder son équilibre. En ce sens, The Infinite Man ne fait pas exception, mais le voyage dans le temps multiplié se veut plus précisément un constat sur le couple et sur l’enthousiasme débridé des débuts, qui se perd inévitablement suite aux nombreuses maladresses qui composent le parcours imparfait de deux amants épris l’un de l’autre.
Romantique et triste, loufoque et magnifiquement chorégraphié, joué avec retenue par trois comédiens amusants et sobres, The Infinite Man et un bouquet de fleurs en 8-bits, un cœur qui bat au son de la chanson thème de Mario: c’est du romantisme geek à son meilleur, en ce sens qu’il illustre parfaitement que le cœur à ses raisons que la raison ne connaît pas. C’est peut-être un énorme cliché d’écrire ça, mais pour un film qui les évite avec justesse et brio, on peut s’en permettre.
The Infinite Man présenté le 23 juillet au Théâtre DB Clark et le 25 juillet à la salle J.A De Sève