FNC : Le cinéma populaire de Mohammad Shirvani en trois temps
Des iraniens démunis prennent la parole devant la caméra sans filtre de Mohammad Shirvrani. Portrait d’un pays.
Plusieurs films du cinéaste iranien Mohammad Shirvani sont présentés au FNC cette année. On pourrait effectivement qualifier le cinéaste de populaire, et pas dans le sens de célèbre ou connaissant un grand succès commercial. C’est populaire dans le sens que le réalisateur utilise sa caméra pour donner une voix à des citoyens iraniens qui seraient peut-être, sinon, muets et impuissants face à leur condition, ou du moins, incapables de même l’exprimer. Voici donc un bref aperçu de son travail en trois temps.
1. Les femmes
Seven Blind Women Filmmakers: Le concept rappelle vaguement The tribe, en ce sens qu’on y entre dans un univers privé d’un sens, cette fois-ci, la vue. Le réalisateur donne sa caméra à sept femmes aveugles (six, au final, car une des réalisatrices improvisées souhaitait le retrait de son court métrage) qui documentent leur existence avec une caméra malhabile et intime, tantôt cadrant à moitié la danse maladroite d’une fille aveugle, tantôt cadrée trop près des lèvres soudainement revendicatrices d’une jeune femme se vengant d’une peine d’amour qui la hante toujours. Une autre, aidée de sa famille, confronte le médecin incompétent qui l’aurait apparemment aveuglée sans souffrir aucune conséquence professionnelle et légale. La caméra devient, avant tout, un outil d’épanouissement personnel, presque politique.
19 octobre à 19h30 au cinéma du Parc 3
2. Les hommes
021 Tehran : Des hommes, d’abord filmés en gros plan silencieux, sont assis sur un canapé, et parlent. Le réalisateur (qui, dans ses crédits, se qualifie de réalisateur et observateur) ne leur pose que quelques questions, surtout à propos de Teheran. Ce sont des hommes pauvres, apparemment peu éduqués, qui racontent les difficultés de se trouver du travail dans cette ville quand même attirante. Un mineur défavorisé garde une prière en tout temps sur sa chemise pour éventuellement avoir une fortune, un autre explique comment les Afghans volent tous les emplois, un autre pleure une gloire passée dont il ne reste absolument rien. Tous sont à la recherche du travail.
15 octobre à 21h au Cinéma du Parc 1
3. La rencontre
The Iranian Cookbook: Shirvani se place derrière la caméra, on l’entend discuter avec différentes femmes de sa vie tandis qu’elles préparent le souper: autant pour leurs maris et leurs familles (qu’elles ont marié à 9 ou 14 ans dans certains cas) que pour l’équipe de tournage qui finira par partager le repas familial. Le temps passe, les femmes préparent des soupers longuement. Si celles-ci admettent qu’il y a eu des progrès dans la société iranienne, elles avouent toutes qu’il est trop tard pour elles de changer les choses, exceptée l’épouse (depuis divorcée) du réalisateur. Le coup de grâce? Le souper auquel Shirvani demande aux maris combien de temps ils évaluent que ça a pris pour préparer le souper. Une question simple dont la réponse souligne le gouffre immense qui sépare les deux sexes dans cette société. Le résumé du film, présenté par une tante, tandis qu’une petite armée féminine se prépare dans la cuisine à la fin du Ramadan: «Pour les femmes pauvres, il n’y a pas de retraite. Nous cuisinerons et nous ferons le ménage jusqu’à la fin.»
18 octobre à 21h15, au Cinéma du Parc 3
4. La suite
Fat Shaker explore apparemment le conflit intergénérationnel entre un homme obèse et tyrannique et son fils sourd et muet. L’arrivée d’une femme changera tout. Présenté le 19 octobre la 13h à la Salle J-A De Sève, à Concordia.