Heaven Adores You : L’homme derrière le culte
Elliott Smith a finalement droit au traitement documentaire.
À l’instar de Jeff Buckley, voire de Kurt Cobain, Elliott Smith est de ces figures de proue ayant sombré trop tôt. De tâcheron au sein du groupe rock Heatmiser à l’ovni folk maniéré aux cheveux sales et drapé de blanc qui a défendu sa pièce Miss Misery sur scène lors de la 70e cérémonie des Oscars, Smith a autant marqué la communauté musicale alternative de Portland — où il s’est tout d’abord distingué — qu’un public de plus en plus large, malgré son décès tragique en octobre 2003.
Plus d’une décennie — et au moins deux biographies — plus tard, le chanteur aussi ténébreux que cultissime fait maintenant l’objet d’un film en son honneur et quasi à sa hauteur: Heaven Adores You, premier documentaire du directeur photo prisé devenu réalisateur Nickolas Dylan Rossi.
Pour la cause, le cinéaste réunit des proches du monument — allant de l’ex-copine à sa sœur en passant par des frères d’armes — qui dessinent un portrait plus honnête que magnifié ou avilissant d’un parolier brillant, mais aussi torturé, toxicomane et taciturne. Rossi livre également un habile montage d’entrevues et d’archives visuelles faisant (presque!) de Smith le narrateur de cette œuvre posthume. La formation du réalisateur fait aussi en sorte que Heaven Adores You est parsemé de panoramas léché des villes ayant marqué le troubadour. Emballage apprécié et totalement en phase avec la musique de Smith, mais également longuet par moments, surtout lorsqu’on considère les zones d’ombres qui demeurent dans le parcours de l’artiste.
Si les mélomanes et les cinéphiles y trouveront leur compte, les inconditionnels d’Elliott Smith, eux, resteront sur leur faim, belles images ou pas.