Un jour peut-être: une autre histoire du rap français : FNC / Moitié thugs, moitié nerds
Festival du nouveau cinéma 2014

Un jour peut-être: une autre histoire du rap français : FNC / Moitié thugs, moitié nerds

Un jour peut-être, un documentaire inespéré et d’une grande qualité sur le mouvement rap alternatif français. 

Romain Quirot est un réalisateur qui a fait ses classes dans la pub et les clips. Antoine Jaunin, lui, est un journaliste qui collabore notamment à Libération. Ensemble, ils livrent Un jour peut-être, un documentaire sur un courant musical qui, mine de rien, influence toujours un pan contemporain à la Orelsan (qui intervient d’ailleurs) et compagnie: le rap alternatif français. Malgré un sujet hyper pointu, le traitement demeure très classique — le film est même découpé en chapitres thématiques — et conviendra autant aux cinéphiles qu’aux mélomanes désirant découvrir cette génération d’artistes underground. La pertinence de la distribution (de Fuzati à Teki Latex en passant par Gérard Baste des Svinkels; la totale, quoi!), la richesse des archives, l’habillage éclaté et — bien évidemment — l’excellente trame sonore captiveront les férus.  

Bien sûr, c’est une histoire observée maintes fois chez les musiques de niche: découragée par la direction actuelle du genre dominant, une nouvelle génération d’artistes tente de l’amener ailleurs pour ensuite se l’approprier… puis se démonter lorsque les médias de masse l’ignoreront.

En fait, ce qui distingue Un jour peut-être du lot de documentaires de son genre, c’est la qualité des intervenants. Rappeurs, mais aussi journalistes et animateurs de Sky Rock — la grosse vilaine radio commerciale française — se prononcent et, métier aidant, ponctuent l’œuvre de réflexions punchées. Quirot, Jaunin et leur équipe ont notamment été capables de capter des moments inespérés. Une saynète où James Delleck (du Klub des 7, etc.) donne un concert devant une poignée de spectateurs est particulièrement bouleversante; idem pour les silences de Teki Latex abordant son expérience pop comme un cruel rappel qu’il était, avant tout, considéré comme une figure du rap underground.

Bien que certaines zones d’ombres demeurent (on se contente d’effleurer certaines rimes qui, même au énième degré de l’ironie, s’avèrent misogynes), Un jour peut-être est une réussite pertinente, dynamique et succincte.

En projection le 18 octobre à 17:20 au Pavillon Judith-Jasmin dans le cadre du Festival du nouveau cinéma